Festival de Cannes. « L’Amour ouf » … pas vraiment fou

Le film de Gilles Lellouche mêle comédie, drame, voire une touche de comédie musicale. Riches effets visuels, reflets, la partition est riche. Le réalisateur du « Grand bain » semble avoir mis toutes ses passions dans ce film, au risque de saturation et de fourre-tout sur les 2h45.

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Le réalisateur Gilles Lellouche entouré d’Adèle Exarchopoulos (Jackie Adulte ) et François Civil (Clotaire adulte) (Photo Joël Barcy)

Une romance sur un fond social explosif

Les années 80, dans le Nord de la France, Jackie et Clotaire grandissent entre le lycée et les docks du port. Elle est lycéenne, orpheline de mère. Lui vit dans une famille avec un père violent et se contente de petits larcins et d’errance. Leurs destins se croisent et c’est l’amour ouf. Mais la vie les sépare violemment. Clotaire, qui veut mener une belle vie, intègre une bande de braqueurs.  Il est condamné à douze ans de réclusion pour le meurtre commis par le fils du boss. À sa sortie de prison, rageur, il entend bien récupérer financièrement ses années de tôle… et retrouver Jackie, mariée depuis.

Cœurs brisés et visages tuméfiés

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Mallory Wanecque (Jackie jeune) (Photo Joël Barcy)
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Malik Frikah (Clotaire jeune) (Photo Joël Barcy)

Ébauché avec une romance entre Jackie (Mallaury Wanecque) et Clotaire (Malik Frikah), tous les deux formidables, le film sort vite des rails pour laisser place aux gangsters et aux sacs de drogue qui ruinent l’idylle touchante entre deux cœurs brisés. Gilles Lellouche glisse ensuite tout ce qu’il connaît du cinéma avec un trop plein. « Plus je vieillis plus je prends du plaisir à réaliser. On assume jusqu’au bout. On peut laisser la place à l’imaginaire », confiait le réalisateur lors de la conférence de presse. Résultat, le film regorge d’idées et d’effets, parfois jusqu’à la saturation.

 « Se sortir de la violence »

Gilles Lellouche a voulu faire un film sur «toutes les formes d’amour et sur la manière dont on se sort de la violence grâce à l’amour ». L’intention est louable mais la violence sort par tous les pores de la peau sauf à la fin. « Sans mot on ne peut pas se sortir de la violence », indique toujours le réalisateur, en référence aux 457 mots inscrits par Clotaire (François Civil) dans sa cellule pour définir Jackie. Il retrouvera sa Jackie à sa sortie de prison (Angèle Exarchopoulos) et lui promet de ne plus être violent. Ils mèneront une vie de couple tranquille. L’amour a sauvé Clotaire de la violence. Happy end mais fallait-il 2h45 et autant d’artifices et d’hémoglobine pour aboutir à cela.

A retenir

 On sent plein de bonne volonté chez Gilles Lellouche et de bonnes intentions. Alors on retiendra surtout la première heure, l’adolescence, portée par le duo Mallory Wanecque et Malik Frikah.  La complicité entre Jackie et son père (Alain Chabat). Et une belle séquence dialoguée, dans l’entrepôt d’un supermarché, entre les deux salariés Jackie et Clotaire, et leur directeur méprisant. Angèle Exarchopoulos en femme doucement menaçante est superbe.

En référence à ses personnages, Gilles Lellouche indique que « Cela prend du temps d’arriver à soi, de se construire dans le temps ». Le film en prend un peu trop pour nous tenir en haleine. Nous avions été séduits par le « Grand bain », là nous plongeons.

Joël BARCY

 

 

 

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