François Bayrou renversé à une large majorité

Les députés n’ont pas approuvé la déclaration de politique générale de François Bayrou ce lundi 8 septembre, lors d’une session extraordinaire à l’Assemblée nationale à Paris. C’est la première fois de l’histoire de la Ve République qu’un gouvernement tombe lors d’un vote de confiance. François Bayrou va désormais devoir remettre la démission de son gouvernement au président de la République.

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François Bayrou © Joël Barcy

Au total, 364 députés ont voté contre la confiance au gouvernement tandis que 194 ont voté pour et 15 se sont abstenus. Les députés Les Républicains, qui bénéficiaient d’une liberté de vote, se sont divisés : 27 ont voté pour la confiance, dont le chef du groupe, Laurent Wauquiez, 13 contre, et 9 se sont abstenus. La quasi-totalité des groupes macroniste, Modem et Horizons ont voté pour la confiance. Seule exception, l’élue macroniste du Nord Violette Spillebout, qui s’est abstenue.

Les députés du Rassemblement national, leurs alliés ciottistes de l’UDR, les insoumis , les socialistes, les écologistes et le groupe des communistes et ultramarins ont voté à l’unanimité contre. Les indépendants de LIOT ont majoritairement voté contre (15 contre, 4 pour, 4 abstentions). Le reste des voix provient de députés non inscrits (3 pour, 6 contre et une abstention).

Le Premier ministre avait choisi de solliciter les parlementaires sur la question du déficit public et de l’effort budgétaire à fournir pour le résorber.  « Vous avez le pouvoir de renverser le gouvernement», mais pas celui «d’effacer le réel», a-t-il  lancé aux députés lors de son discours.  «Cette épreuve de vérité comme chef du gouvernement, avec l’assentiment du président de la République, je l’ai voulue », a-t-il affirmé lors de son discours. «Certains d’entre vous, les plus nombreux, les plus sensés probablement, ont pensé que c’était déraisonnable, que c’était un trop grand risque. Or, je pense exactement le contraire», a-t-il ajouté.

La suite va s’inscrire dans l’avenir. Budget or not budget. Qui va avoir le courage, au regard de la violence des propos tenus notamment des oppositions, succéder à Bayrou 3e Premier ministre à être remercié, sans remerciements… Envie de pouvoir, envie d’apporter sa différence. Qui sait ?

Patricia CAIRE

Emmanuel Macron nommera un nouveau Premier ministre «dans les tout prochains jours»

Emmanuel Macron «prend acte» de la chute du gouvernement de François Bayrou, renversé par l’Assemblée nationale, et «nommera un nouveau Premier ministre dans les tout prochains jours», a annoncé lundi soir l’Elysée dans un communiqué. «Le président de la République prend acte du résultat du vote des députés aux termes de l’article 49-1 de la Constitution. Il recevra demain le Premier ministre François Bayrou pour accepter la démission de son gouvernement», a affirmé la présidence, sans autre précision.

Un «négociateur» pour gabriel Attal

Gabriel Attal enjoint Emmanuel Macron à nommer un «négociateur», qui aurait «acté dès le départ qu’il ne sera pas Premier ministre». Sa fonction ? Etre «chargé de réunir les forces politiques représentées à l’Assemblée nationale pour bâtir un accord d’intérêt général.» Considérant qu’il s’agit là «d’un changement de méthode» et qu’« il faut donner de la stabilité et de la visibilité au pays.»

Olivier Faure assure que le président ne l’a pas encore contacté

Invité du 20 heures de TF1, le secrétaire général du Parti Socialiste a appelé à défendre «la démocratie parlementaire», alors que le Premier ministre Bayrou s’apprête à déposer sa démission. Olivier Faure affirme également que le président de la république ne l’a pas encore appelé. A la question de sa légitimité pour gouverner le pays, le socialiste a répondu qu’il ne prétendait pas «être majoritaire». Selon lui, il est important que le chef de l’Etat nomme un Premier ministre issu des rangs de la gauche, car «la bonne cuisine, ce n’est pas de repasser les mêmes plats en changeant simplement la salade». Enfin, Olivier Faure a appelé le chef de l’Etat à respecter le «véritable changement» auquel «aspirent les Français.»

 

Ils ont dit

Laurent Wauquiez président des députés LR

«La France insoumise est le premier danger politique pour la France», assène Laurent Wauquiez. Jean-Luc Mélenchon «n’attend que le chaos», insiste  le président des députés LR qui rappelle que les élus de droite ne siègeront pas dans un gouvernement avec des insoumis ou dans un gouvernement qui appliquerait le programme du Nouveau front populaire, y compris pour un gouvernement socialiste.

Marine Le Pen, présidente du groupe Rassemblement national (RN)

Marine Le Pen estime que ce vote de confiance est « un moment de vérité où les responsables sont contraints d’étaler le résultat désastreux de cinq décennies de gestion dispendieuse ». La présidente du groupe RN évoque la question d’une potentielle démission du président, mais dit ne s’attendre « à rien sur ce point ». « N’est pas le général de Gaulle qui veut », affirme-t-elle. En revanche, elle appelle à une dissolution de l’Assemblée nationale en raison du blocage qu’elle prédit: « Tout laisse penser juridiquement, politiquement, voire moralement, que la dissolution n’est pas une option, mais une obligation. »

Boris Vallaud président du groupe socialiste
Boris Vallaud, s’adressant au Premier ministre: « Nous ne pouvons pas vous faire confiance», signale-t-il avant d’annoncer : «C’est à la gauche, arrivée en tête, de gouverner. Nous sommes prêts.»

Gabriel Attal, président du groupe Ensemble pour la République 

La France « étouffe du blocage permanent, alors même que tout devrait nous pousser à agir », a alerté Gabriel Attal. Il appelle au « choix de la stabilité », « au courage du compromis » face aux « postures » politiques. Et il estime que « ce n’est pas aux Français de régler les problèmes du Parlement, mais au Parlement de régler ses problèmes et les problèmes des Français ».

Cyrielle Chatelain, présidente des députés écologistes

«Votre départ est un soulagement. Il serait presque une satisfaction, s’il n’était pas accompagné par l’inquiétude de la suite », avance-t-elle. «La logique voudrait qu’après la fin précoce du gouvernement Attal, la censure de Michel Barnier et l’échec de votre gouvernement, enfin, les choses changent» et souhaite qu’Emmanuel Macron nomme un Premier ministre de gauche.

Paul Christophe, président du groupe Horizons & Indépendants

Le président du groupe Horizons & Indépendants s’en prend aux oppositions qui, « de motion de rejet en motion de censure, bloquent le pays en jouant à la roulette russe avec les gouvernements successifs ». « Que nous proposez-vous ? Rien, si ce n’est des dépenses nouvelles et des recettes insincères. Aucun projet budgétaire qui n’obtienne, ici, plus d’un cinquième des voix », affirme-t-il, avant d’annoncer que son groupe vote en faveur « de la stabilité » en accordant sa confiance à François Bayrou et son gouvernement.

Mathilde Panot, présidente du groupe La France insoumise

Pour Mathilde Panot, François Bayrou est « le dernier visage d’une politique illégitime et obstinée, incapable de susciter la moindre adhésion dans le pays ». « Pour vous, poursuit-elle, le futur n’existe pas, car vous sentez bien que vous appartenez au passé. Impopulaire, minoritaire, détesté, le macronisme ne gouverne plus que par la peur.»

Stéphane Peu, président du groupe Gauche démocrate et républicaine

Stéphane Peu estime que le budget présenté par François Bayrou « n’est ni fort ni juste » et que celui-ci est « bien seul ». Il qualifie les premiers ministres « d’éternels fusibles du président de la République». Ces derniers « servent à le protéger » : « Tel le soldat Ryan, il vous faut sauver le président Macron. Vous serez donc ainsi le quatrième en trois ans à tomber pour épargner le principal responsable de nos malheurs. »

Laurent Panifous, président du groupe LIOT (Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires)

Laurent Panifous a regretté les choix politiques de François Bayrou. « Vous avez choisi d’avancer seul dans une démarche que je qualifierais de tout ou rien, à rebours de ce que vous avez toujours prôné », regrettant notamment que le Premier ministre ait « attendu que la session parlementaire soit clôturée pour présenter ses propositions d’orientations ».

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