La Région sud, une terre de festivals : demandez le programme…

Un millier de festivals irriguent Provence-Alpes-Côte d’Azur chaque année. 2,6 millions de personnes y assistent. Plus du tiers des séjours touristiques ont une motivation culturelle. Plusieurs directeurs de festivals viennent de présenter leur été à l’Hôtel de région.

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Plusieurs directeurs de festivals viennent de présenter leur été au sein de l’Hôtel de région à Marseille © Joël Barcy

Pour tous les goûts

 Art lyrique, théâtre, photos, musique, cinéma… la Région offre un panel culturel très varié. Il y en aura pour tous les goûts et toutes les bourses. La majorité des festivals a dû faire face à une baisse des subventions de 5 à 10% et s’adapter en conséquence en rognant sur tel ou tel poste pour maintenir une programmation à la hauteur ou en multipliant les spectacles.

Ouverture de la programmation

 En difficultés financières à plusieurs reprises, les Chorégies d’Orange ont su prendre un nouveau chemin afin de revenir sur le devant de la scène. «Le programme “les Chorégies du futur” prévoit une ouverture de la programmation, concède Jean-Louis Grinda, le directeur des Chorégies d’Orange. Mais ouverture ne veut pas dire trahison. Les Chorégies demeurent un festival d’art lyrique centré sur la voix mais cela peut être des voix de jazz, de variétés. Le directeur artistique continue d’être le garant de la qualité. »

Multiplication des spectacles

La danse a même droit de cité sur cette scène antique, vieille de 2 000 ans et de 60 mètres de large. Le nombre de spectacles a été multiplié par 3 et le public a suivi. « Avant, on se contentait de faire deux opéras durant l’été et chacun était joué deux fois, aujourd’hui on est à 12 ou 13 représentations pour 80 000 spectateurs. » Les Chorégies d’Orange ont lieu du 13 juin au 25 juillet.

Lien social montagnard

C’est un festival itinérant en territoire rural de montagne. Le festival de Chaillol, dans les Hautes-Alpes, a déjà soufflé ses 30 bougies et poursuit allègrement son chemin. Une soixantaine d’artistes se produisent sur les scènes des différents villages. « On vit des choses merveilleuses sur le plan humain, note Michaël Dian, le directeur du festival, du point de vue de la relation entre les artistes et les habitants avec les maires qui viennent aux concerts et qui dressent une table pour offrir l’apéro à la fin. On peut entendre des artistes de niveau national et international qui ensuite se retrouvent à la sortie de l’église avec le public en train de boire un coup et c’est quelque chose qui n’a pas de prix. C’est inestimable.»

Tarification consciente

Pour renforcer ce lien social et permettre au plus grand nombre d’assister aux différents spectacles, une tarification « consciente » a été mise en place. « Après le Covid, l’équipe a eu l’idée d’accompagner le retour du public, confie le directeur. On avait une tarification assez peu élevée avec un plein tarif à 12 € et un tarif réduit à 8 €. On a ajouté 5€ en tarif accès et 20 € en tarif soutien. » Les festivaliers choisissent le montant qu’ils veulent mettre dans le billet qu’ils achètent. « Des gens mettent 5 € parce que c’est ce qu’ils peuvent s’offrir mais d’autres mettent 20 € pour soutenir le festival. La belle leçon est que depuis l’instauration de cette tarification consciente, le prix moyen du billet a été en constante augmentation. Les gens ont une attention et ont conscience de ce que représente un festival. » Le festival de Chaillol se déroule du 18 juillet au 10 août.

 Le In et le Off à l’unisson 

Pour la première fois de leur histoire les festivals In et Off d’Avignon auront lieu aux mêmes dates : du 5 au 26 juillet. Une initiative saluée par la présidente du festival d’Avignon, Françoise Nyssen qui veut faire d’Avignon « un café lumineux » pour l’Europe. « Nous avons besoin d’enchanter notre monde qui s’obscurcit chaque jour, insiste la présidente. 15 pays et 42 spectacles seront représentés sur les scènes du In. La langue invitée cette année est l’arabe. C’est la voix de pays souvent malmenés dans les territoires et une grande richesse culturelle.» Françoise Nyssen cite l’auteur palestinien Mahmoud Darwich : « Que les mots soient transparents et nous verrons les fenêtres ouvertes.»

Résistance

 Les Rencontres de la photographie d’Arles font acte de résistance dans un monde de plus en plus violents où les nationalismes de tout poil s’emparent du pouvoir. « On trouve un certain nombre d’expositions qui rappellent qu’il faut être ouvert au monde relève Christoph Wiesner, le directeur des Rencontres.  A travers l’exposition sur l’Australie on aura autant d’artistes autochtones que de descendants européens. La même chose avec le Brésil. » Le festival photos a battu son record de fréquentation l’an passé avec 160 00 visiteurs pour 35 millions d’euros de retombées économiques. Cette affluence est le fruit d’un savant cocktail. « A côté des expositions engagées, nous avons des expositions plus classiques pour un public très large avec Yves Saint Laurent et son rapport à la photo mais aussi Letizia Battaglia, une photographe et documentariste italienne. » Les Rencontres de la photographie d’Arles du 7 juillet au 5 octobre.

Le Delta s’envole

Une dizaine d’années d’existence et déjà 150 000 spectateurs. Le Delta festival de Marseille a su rapidement toucher son public. Il clôt la saison estivale, du 27 au 31 août, et continue de charmer la jeunesse.  « On a une programmation juste énorme qui représente bien les musiques électroniques et urbaines, annonce Matthieu Predal, co-président du Delta festival. On aura en exclusivité France, Bob Sinclar avec sa fille Paloma, Petit Biscuit, Kavinsky, SDM, Nina Kravitz, Feder, Tayc, Rilès… »

Un cocktail à succès

Le succès du festival repose sur une stratégie habile en direction du public étudiant. « Aujourd’hui 300 associations parlent de l’événement et on a une programmation à la pointe qui correspond à ce public. On a aussi une image très engagée grâce au forum “le monde est possible” où sont rassemblées 200 associations et ONG, Greenpeace, le Téléthon, les Restos du cœur… Elles se servent du Festival comme une vitrine et d’un autre côté elles sont à l’image de notre public souvent engagé dans diverses causes. »

Sécurité

Pour éviter tout débordements et violences sexistes ou sexuelles, la Région a mis en place une série de garde-fous. « 60 000 bouchons anti-drogue sont déployés pour éviter qu’une personne mal intentionnée ne mette des substances chimiques au sein d’un verre, indique Ludovic Perney, vice-président de la région, chargé de la jeunesse. On a aussi une application “Safer” que tous les festivaliers peuvent télécharger. Elle est géolocalisée et, en cas de violences, elle permet aux services de sécurité et de secours d’intervenir. Des dizaines de cas ont ainsi pu être traités. Des cellules d’écoute sont aussi mises en place. »

Reportage Joël BARCY

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