Marignane. Airbus Helicopters. Le ministre des Armées donne un bon point au constructeur aéronautique

A chacun sa rentrée, Sébastien Lecornu a fait la sienne chez Airbus Helicopters. C’est la première fois qu’il foulait le tarmac et les ateliers de l’industriel implanté à Marignane. L’occasion de donner des assurances et d’encourager à poursuivre le redressement opéré ces deux dernières années.

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Le ministre des Armées Sébastien Lecornu et Bruno Even, PDG d’Airbus helicopters (Photo Joël Barcy)

Un poids lourd

Airbus est le 3e site industriel français. 12 500 personnes travaillent à Marignane et plus de 18 000 sur la région. C’est un poids lourd de l’industrie et le premier employeur privé de la région. Son chiffre d’affaires est de 8 milliards d’euros réparti équitablement entre le civil et le militaire mais ce dernier, via les commandes de l’État, pèse évidemment lourd en matière d’image et donc d’exportations. Les dernières décennies n’ont malheureusement pas été très sereines pour Airbus Helicopters. La paix en Europe ayant entraîné des coupes sombres dans le secteur de l’armement.

L’hélicoptère, première victime

Pour Sébastien Lecornu, la branche hélicoptère était le symptôme de la dégradation de nos armées. « On avait une hétérogénéité de la flotte, pas moins de 15 modèles différents. Pas plus de 400 hélicoptères pour les 3 armées et certains avait plus de 50 ans. Une bonne partie restait clouée au sol. On avait des potentiels sur des tableaux mais loin d’être opérationnels.»

Commande de 150 hélicoptères

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(Photo Joël Barcy)

« La programmation militaire actuelle, poursuit le ministre, acte le remplacement de 150 hélicoptères sur les 400. C’est bien plus du quart de la flotte. Globalement la moitié doit être livrée avant 2030 et l’autre moitié après. Le H160M ou Guépard et H225M ou Caracal sont le must en la matière.»

Dualité des chaînes

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Le H160 M ou Guépard, l’hélicoptère a fait son premier essaie en juillet. Mise en service 2028. Son équivalent civil est déjà en service. (Photo Joël Barcy)

Un cap a été franchi en matière de conception, Airbus helicopters a opté pour des plateformes communes entre le civil et le militaire. Le H160 et le H225 ont leur version pour les armées. Ces lignes d’assemblages duales concourent à une meilleure productivité et rentabilité. « Sur la chaîne d’assemblage du H160 (la plus moderne) on a une industrialisation avec une automatisation des process pour gagner en temps, analyse Bruno Even le PDG d’Airbus helicopters. On a divisé par 2 le cycle d’assemblage par rapport à la génération précédente. On va encore investir 600 millions d’euros ces prochaines années pour moderniser le site et être encore plus compétitifs. »

Bon point

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(Photo Joël Barcy)

Autre évolution positive à mettre à l’actif de l’industriel : une nette amélioration de la maintenance des appareils. Florence Parly la prédécesseure de Sébastien Lecornu avait épinglé le constructeur lors de sa visite en 2022. Trois « Tigre » sur quatre étaient cloués au sol et le Caïman (NH90) multipliait les déboires. « Depuis, grâce à une gestion des stocks de pièces plus performante et une meilleure expression des besoins, la disponibilité des appareils a progressé de 30% c’est absolument colossal», constate le ministre.

Duo hélico-drones

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L’importance du duo Hélicoptère-drone (Photo Joël Barcy)

Si la guerre en Ukraine a montré les limites de certaines armes, l’hélicoptère a encore de beaux jours devant lui pour transporter les troupes, faire de la reconnaissance notamment voire utiliser des munitions en profondeur mais il faudra former un duo avec les drones selon le PDG d’Airbus helicopters. « On continue d’investir pour demeurer leader en matière de construction d’hélicoptères mais on veut se développer dans le domaine des drones et c’est le virage que l’on a pris ces dernières années, soit en construisant des versions drones de nos hélicoptères ou en rachetant des sociétés qui produisent des drones très compétitifs. On veut offrir un spectre de solutions et développer la connectivité entre les deux armes. »

Renforcer la sous-traitance

Reste un bémol, la crise de croissance dans le secteur de l’armement et des hélicoptères risque de pâtir du manque de PME-PMI capables d’assurer la fabrication des pièces. C’est l’appel lancé par Sébastien Lecornu pour former des ingénieurs et inciter les sociétés sous-traitantes à se rapprocher des grands pôles comme Airbus. Le ministre est reparti en indiquant que la coalition « des volontaires » se réunirait cette semaine pour définir ce que chacun peut mettre sur la table pour mobiliser la force de réassurance voulue en Ukraine.
Joël BARCY

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