Marseille. « Soli » un magazine réalisé par des femmes du centre social de La Solidarité

Soli, c’est le nom donné au magazine réalisé par des femmes du centre social de La Solidarité dans le 15e arrondissement de Marseille. Pour célébrer ce premier numéro, elles ont été accueillies dans l’un des vastes salons de la préfecture. Tapis rouge, dorures, parquet patiné. La République n’a pas mégoté. Toutes franchissaient pour la première fois la porte des lieux: « Que c’est beau », « c’est grandiose » chacune y allait de son qualificatif élogieux.

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Présentation en préfecture du premier numéro de « Soli » magazine créé par des femmes du centre social de la Solidarité à Marseille (Photo Joël Barcy)

Un travail difficile

 Se transformer en journaliste, trouver des sujets, mettre tout cela en forme demande un vrai engagement. Allez sur le terrain, interroger les gens aboutit parfois à des surprises mais c’est surtout « une grande fierté » revendique Kahena Djebbar, une des rédactrices. « Je prends un micro, je questionne les gens et je vois le monde extérieur. Comme on habite dans les quartiers Nord on est toujours montrés du doigt et on a compris que franchement il n’y a pas de raison. Je m’aperçois que finalement on est tous pareils quartiers Nord ou pas». C’est difficile à faire un magazine ? « Bien sûr c’est très dur, c’est une école ». L’initiative du centre social de La Liberté pourrait faire école. Des observatrices du centre social de l’Estaque étaient présentes à cette réunion. Elles veulent franchir le pas mais avec une optique plus revendicatrice. Ouardia Belarbi et Fatima Taiour estiment que « les quartiers Nord sont les laissés-pour-compte et il faut le dénoncer. C’est très bien le magazine qu’elles ont réalisé on va leur demander des conseils mais on ne veut pas faire du copié-collé ».

Financé par la ville et l’État, ce magazine «offre une dynamique positive», selon Virginie Avérous, sous-préfète, chargée de mission de la politique de la ville. « C’est la démonstration, et j’en suis un exemple, que quand on vient des quartiers ou d’une famille modeste on peut parvenir à quelque chose de positif et à des positions sociales plus élevées ». Ce magazine leur a permis de travailler sur des sujets qui les interpellent tous les jours. «Elles ont pu mettre des mots sur les maux », note le directeur du centre social, Abobikrine Diop. « Ce magazine leur a aussi permis de s’extirper du réel, de réfléchir sur le contexte local dans lequel elles vivent et les potentialités qu’elles ont. Elles ont produit un travail collectivement. Chacune a amené sa petite touche. D’habitude elles sont souvent cantonnées aux taches à la maison là elles ont fait un vrai travail d’intellectuel et ça c’est extraordinaire ».

Le prochain numéro de Soli devrait sortir d’ici la fin de l’année et l’ambition est d’avoir deux numéros par an. « C’est quand même du costaud de faire un magazine de cette qualité. Cela suppose de pouvoir s’extirper de son quotidien pour réfléchir, écrire. C’est tout un process ». A mesurer la fierté de ces femmes dans les salons de la préfecture, l’investissement est visiblement payant.

Reportage Joël BARCY

Le premier numéro du magazine "Soli" (Photo Joël Barcy)

 

 

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