Marseille : un Forum de l’UPE13 pour entreprendre les transformations

3 500 participants et 60 intervenants ont participé au Forum des entrepreneurs de l’UPE 13,  le 19 octobre à l’Orange Vélodrome. Une manifestation qui était placée sous le signe de la transformation sociétale, culturelle et cultuelle, environnementale, relationnelle et générationnelle, informationnelle, digitale…

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Patrick Martin, président du Medef (Photo Michel Caire)

L’UPE 13 justifie la thématique en indiquant : «Nous vivons, aujourd’hui, une transition globale, massive et profonde de nos référents communs. Et, ses effets déstabilisent l’ensemble de nos écosystèmes. Les crises se succèdent ainsi entraînant des chocs simultanés et interconnectés, avant l’émergence complexe d’ajustements. Il s’agit là véritablement d’une mutation que nos sociétés éprouvent de manière frontale ».

Patrick Martin, président du Medef et  Nicolas Sarkozy sont intervenus sur ces questions . Il a été également question de culture avec Vianney d’Alençon, cofondateur du Rocher Mistral, Christophe Aubas, directeur régional chez Culturespaces et Administrateur de l’Hôtel de Caumont-Centre d’Art – Dominique Bluzet, président de One Provence et Directeur Les Théâtres – Sophie Joissains, maire d’Aix-en-Provence.

Pour Patrick Martin il importe plus que jamais dans le contexte de crise actuel de « discuter, d’échanger entre nous et il faut que les pouvoirs publics nous permettent d’avoir de la lisibilité, de la stabilité. Nous avons trop de réglementations, notamment européennes». Dans ce cadre et alors que les élections européennes approchent, il considère : «Je suis pro-européen mais je pense qu’il faut une Europe moins naïve, moins idéaliste. D’autant que la concurrence internationale s’intensifie, avec la Chine mais aussi avec les États-Unis qui soutiennent massivement leur industrie et ont une énergie trois fois moins chère. La décarbonation ne doit pas faire de nous les ravis de la crèche. Et nous restons au plan national, malgré des efforts, au plus haut niveau en matière de prélèvement obligatoire». En matière de retraite, il juge : « L’État veut pénaliser les vertueux en voulant récupérer de l’argent des retraites complémentaires ». Dans le même temps, il ne cache pas sa satisfaction de voir le taux d’emploi élevé que connaît le pays et de voir la France « être le pays qui connaît le plus fort taux de création d’emplois au monde ». Il n’en considère pas moins qu’il est possible d’aller plus loin pour favoriser la bonne santé de l’économie: «Il faut marquer de la considération à nos salariés. Et il faut une révolution managériale. Il faut une relation humaine, sans cesse renouvelée, la relation aux salariés. Il faut pour cela commencer avant même qu’un jeune soit salarié, il faut aussi mieux accueillir les jeunes collégiens en stage. On ne peut pas déplorer que les jeunes ne s’intéressent pas à l’entreprise et mal les recevoir.»

Les aides de l’État liées à la Covid notamment ont pris fin : « Il appartient à ceux qui critiquent l’État, les prélèvements, et qui ne sont pas les derniers à tendre les mains, de gérer leurs contradictions. Pour moi la sphère privée doit reprendre son espace ». Puis de mettre en garde : « Il faut se méfier de l’obscurantisme de certains jeunes diplômés pour qui la seule issue pour la planète réside dans la décroissance. Pour moi elle réside dans la croissance décarbonée ».

Concernant l’accueil des migrants dans les métiers en tension Patrick Martin se prononce d’une part « pour une bonne application de la directive Valls qui offre une marge de manœuvre . Ensuite il faut bien comprendre que la population active va baisser en France  et qu’il faudra bien résoudre ce problème… Mais je ne suis pas là pour me prendre les foudres de LFI ou du RN… ».

« Je crois dans une solution politique »

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Intervention de Nicolas Sarkozy au forum des entrepreneurs (Photo Michel Caire)

Puis arrive le moment de l’intervention de l’ancien président de la République, Nicolas Sarkozy qui lance : « J’aime les gens qui aiment le travail, qui veulent réussir, qui croient plus au mérite qu’à l’égalité ». Puis d’évoquer le conflit israélo-palestinien. « Ce qui s’est passé contre Israël est inacceptable et doit être condamné. C’est un acte terroriste au nom d’un islam dévoyé. C’est inacceptable pour tout humain, cela l’est encore plus nous, Européens car la Shoah n’a pas eu lieu au Moyen-Orient mais en Europe. De ce drame absolu est sorti l’existence d’Israël et donc, pour nous Européens, l’existence de l’État d’Israël est non négociable ». Il ajoute : « Il y a un agresseur le Hamas et des victimes, des familles ravagées par la violence barbare ».  « Nous devons, poursuit-il, tout faire pour sauver les otages, notamment israélo-français, ce n’est pas de la géopolitique, c’est de l’humanité ». Pour Nicolas Sarkozy: « La solution n’est jamais dans la violence répondant à la violence ou dans l’escalade. Je crois dans une solution politique. Il faudra recommencer à parler. Entre la France et l’Allemagne, après tant de drames, des gens ont imposé la réconciliation, eh bien il faudra qu’Israéliens et Palestiniens se parlent comme il faudra qu’Ukrainiens et Russes se parlent. Et que l’on ne viennent pas me dire que la solution à deux États c’est fini. Je me demande si ceux qui disent cela réfléchissent. Alors encore une fois il y a une victime : Israël et un agresseur le Hamas mais il faudra bien qu’Israéliens et Palestiniens se parlent.»

« Le problème ne réside pas dans l’immigration mais dans le refus d’assimilation »

Nicolas Sarkozy évoque la notion d’unité. « Il y a des appels à l’unité mais cela veut dire quoi ? C’est un grand mot derrière lequel il n’y a rien ». Et d’en venir à ce qui, à ses yeux, représente l’identité culturelle française : « Nous avons une histoire, des valeurs, on est un vieux pays qui a des racines judéo-chrétiennes. Et si on rejoint ce pays  c’est pour aimer et respecter ses valeurs, pour respecter la laïcité, l’égalité Homme/Femme, une histoire qui fait que nous ne sommes pas un pays comme les autres». Alors, pour lui : « Le problème ne réside pas dans l’immigration mais dans le refus d’assimilation ».

« J’aime ce qui est juste ce qui fait que je n’aime pas l’égalité »

Nicolas Sarkozy aborde ensuite le rôle de l’entreprise qui est, selon lui, «de gagner plus qu’elle ne dépense, de créer des emplois et de faire travailler dans des conditions dignes. Et arrêtons de demander à l’entreprise de faire tout et le contraire de tout ». Il considère aussi que «le Medef doit défendre l’amour du travail, la possibilité de se développer, de faire des bénéfices ». Expliquant:  « Je ne crois pas à l’horizontalité mais à la verticalité. Pas un groupe humain ne fonctionne sans que quelqu’un entraîne les autres. Et j’aime ce qui est juste ce qui fait que je n’aime pas l’égalité. Quand on a plusieurs enfants la justice c’est de donner à chacun le temps ce dont il a besoin, pas de donner à tous le même temps ». Puis de juger : « L’Homme est fait pour travailler et pour aimer. On vit peu et on construit des cathédrales, c’est cela la grandeur de l’Homme ».

« Notre salut résidera dans la prise de risques, dans l’imagination »

Nicolas Sarkozy considère ensuite que « la scène politique doit se régénérer. Le politiquement correct c’est de la lâcheté. Quand je posais la question de savoir si l’entrée de l’Ukraine dans l’Europe et dans l’Otan favoriserait la paix je devenais un suppôt de Poutine mais il faudra bien que ces deux pays discutent ». Il ajoute : « Il faut bien voir que nos démocraties sont fragilisées. L’Occident c’est moins de 800 millions de personnes quand l’Asie compte 4 milliards de personnes et dans 30 ans le Nigeria aura plus d’habitants que les États-Unis. Or c’est la démographie qui fait l’histoire et, nous sommes minoritaires ». Dans ce cadre, il déplore : « L’ONU est la grande absente des crises. Peut-il en être autrement? L’Inde, le pays le plus peuplé n’est pas membre permanent, il n’y a pas un pays africain ni sud-américain. Comment voulez-vous que cela fonctionne ? Notre salut résidera dans la prise de risques, dans l’imagination afin de vivifier le débat international ».

« Aix n’est pas une ville musée »

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Sophie Joissains, maire d’Aix-en-Provence (Photo Michel Caire)

Les intervenants de la table-ronde suivante s’installent. Avec eux il va être question de culture. Dominique Bluzet, président de One Provence et Directeur Les Théâtres donne Aix-en-Provence en exemple pour montrer l’impact de la culture : « Cette  ville de 150 000 habitants est celle qui s’est le plus développée en France à partir de la culture. Marseille s’est aussi développée, d’une autre façon, avec la culture. Et on n’oublie trop que les plus grands sont nés ou ont vécu ici : Cézanne et Zola à Aix-en-Provence, Pagnol et Albert Cohen à Marseille». Sophie Joissains, maire d’Aix-en-Provence confirme : « Depuis 25 ans Aix se développe. La culture est un axe de ce développement et nous faisons en sorte que tous puissent la pratiquer avec, par exemple, un théâtre gratuit, à la programmation reconnue,  dans un quartier prioritaire. C’est très important. Aix n’est pas une ville musée, elle est vivante et la culture est sa respiration ». Pour Christophe Aubas, directeur régional chez Culturespaces et administrateur de l’Hôtel de Caumont-Centre d’Art: « Il est bon de rappeler que l’acteur privé a une place à prendre dans l’offre culturelle.  Alors que le public attend de vivre une expérience globale, le privé peut prendre des risques et innover pour répondre à cette attente ».

« On a un patrimoine architectural extraordinaire »

Vianney d’Alençon, cofondateur du Rocher Mistral avance : «On a un patrimoine architectural extraordinaire ». Et, pour lui : «La notion d’identité est mal utilisée par les politiques. L’identité c’est l’amour d’une ville, le lieu où l’ensemble de la population peut se retrouver et ce patrimoine a besoin de l’économie pour être préservé sachant que l’on n’imagine pas de préservations sans créations ». Sophie Joissains reprend: «La collectivité est là pour discerner les talents, leur donner les moyens de vivre mais elle n’est pas là pour prendre la place des acteurs culturels. En revanche nous avons un quartier d’Aix, celui du Faubourg, qui compte l’École d’art, et qui commence à se dégrader. Nous avons décidé d’en faire le quartier des métiers d’art en faisant en sorte que les loyers soient abordables». Dominique Bluzet indique « les  Théâtres» : « C’est 8 000 artistes par an, 260 000 places vendues, plus de 800 représentations… » Il considère que «ce territoire est rare mais pour qu’il réussisse il faut le raconter à sa population, lui dire ses héros. On a une ville fière d’elle, c’est Aix et Marseille qui souffrent de ne pas avoir ces leviers ».

Michel CAIRE

 

Haïm Korsia, Grand Rabbin de France

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Haïm Korsia, Grand Rabbin de France (Photo Michel Caire)

Haïm Korsia, présent à ce forum constate : « On a tendance à prôner des idéaux, des valeurs que l’on ne met pas en pratique lorsque l’on est confronté au réel. Il existe des cours de management qui apprennent des choses très positives et pourtant, une fois sorti du cours c’est toujours la même violence, le même abandon ». Il ajoute : «Alors oui, il faut théoriser, il faut avoir une vie spirituelle, mais on ne peut pas avoir une vie religieuse le week-end et les autres jours l’ignorer. Un ami prêtre m’a dit avoir beaucoup de bons catholiques, bien moins de bons chrétiens, c’est-à-dire de personnes respectant dans leur vie les préceptes » . Puis d’en venir à l’entreprise : « A mes yeux, c’est le lieu où on construit et où on répare par le travail, c’est un lieu d’échanges car, sans cela, les gens ne suivent pas. La réalité du monde économique aujourd’hui c’est une responsabilité économique, sociale, et cela ne doit pas rester que des mots. Il faut dire ce que l’on fait et faire ce que l’on dit».

M.C

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