Municipales 2026. Exit la loi PLM. Paris, Lyon et Marseille soumises au même scrutin que les autres…

Nombreux pensaient cette réforme enterrée, qu’elle n’aurait jamais le temps d’aboutir avant les élections municipales de mars 2026. Mais l’Assemblée nationale a finalement, définitivement, adoptée la réforme du mode de scrutin de Paris, Lyon et Marseille (PLM). Ce texte revient sur un système établi par la loi en 1982 et peut changer la donne. Explications.

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La loi PLM permettait une élection du maire en fonction des résultats des secteurs ©Hagay Sobol

Un système atypique

Depuis la réforme de 1982, Paris, Lyon et Marseille ont un régime particulier, un mode de scrutin universel indirect. Les électeurs votent par arrondissement pour élire leur conseil de secteur puis un tiers de ces élus, ceux qui sont en haut de la liste, constituent le conseil municipal (Marseille). Ce sont eux qui élisent ensuite le maire de la ville, un copier-coller de l’élection du président des Etats-Unis par les grands électeurs.

Même régime

Avec ce vote de l’Assemblée nationale, Paris, Lyon et Marseille rentrent dans le rang. La principale disposition du texte, votée cette semaine, est l’instauration d’un scrutin pour élire directement le conseil municipal de la ville, comme dans toutes les communes de France. Désormais le jour du scrutin, l’électeur aura deux urnes et deux choix à faire : l’un pour son arrondissement, l’autre pour le conseil municipal de la ville avec, en tête de liste, la personne appelée à devenir maire. La réforme va donc changer la façon de faire campagne, être plus incarnée derrière la personnalité du futur(e) maire.

Un bémol

La réforme instaure cependant des conditions particulières par rapport aux autres communes. Classiquement, la liste arrivée en tête récupère d’office la moitié des sièges du conseil municipal, le reste est réparti à la proportionnelle. Pour Paris, Lyon et Marseille, la prime majoritaire est abaissée à un quart des sièges pour « ne pas écraser l’opposition », explique Jean-Paul Mattei (MoDem), le rapporteur du texte à l’Assemblée.

Benoît Payan favorable

A l’opposé d’une majorité de socialistes Benoît Payan (divers gauche), l’actuel maire de Marseille, est depuis le départ favorable à cette réforme. Dès l’évocation par Emmanuel Macron, il a dit banco. « J’ai toujours été favorable à ce qu’on simplifie les choses. Les rendre plus lisibles, il y a trop d’échelons, les citoyens ne savent plus qui fait quoi, qui est compétent. Je veux tout simplement : “un Marseillais, une voix ” », disait-il en janvier 2024. Il ajoutait «Certains politiciens de droite ou de gauche avaient tendance à s’occuper mieux des arrondissements qui leurs étaient favorables que des autres, et ça, ce n’est pas juste.»

A qui profite la réforme ?

A Paris la droite poussait pour le vote afin de favoriser Rachida Dati, la plus connue des candidats. A Marseille, elle a tendance à favoriser le maire sortant puisque l’incarnation va être essentielle comme dans les autres communes. En outre un vote sur toute la ville aura tendance à diluer les fiefs de droite ou de LFI ce qui pourrait être profitable à Benoît Payan. Reste le RN, ce vote plus «généraliste » sur la ville pourrait lui bénéficier à condition de ne pas être trop impacté par tous ses déboires judiciaires actuels.

Les petits partis favorisés

Cette réforme permet aux petits partis de concourir plus facilement. Il sera désormais possible de présenter une liste uniquement pour le conseil municipal, et non dans tous les secteurs pour espérer obtenir une majorité sur la commune et faire élire un maire. Avant son application, la réforme devra encore passer devant le Conseil constitutionnel.

Joël BARCY

 

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