De la galerie de la mine à la galerie d’art, c’est l’histoire vraie d’un groupe de mineurs d’Ashington dans les années 30 qui découvre leur passion pour la peinture et deviennent connus dans toute l’Angleterre. L’occasion pour Lee Hall, le scénariste de Billy Elliot, de s’interroger sur la place de l’art dans la vie et s’il est réservé à une élite.

A quoi sert l’Art ?
« L’art pose des questions, n’est pas là pour donner des réponses. Le sens d’une œuvre est dans celui qui l’observe, comprend sa propre réalité émotionnelle. » Ces propos servis par la prof de peinture ressemblent à de l’hébreu pour les mineurs de fond qui suivent ses cours via l’association pour l’éducation, qui n’a pas eu les moyens de se payer un prof d’économie. « Madame, on veut juste être capables de regarder une image et de savoir ce que ça veut dire», répondent les mineurs excédés. Finalement ils vont passer de la curiosité au désir de peindre.
L’espace s’ouvre
Au départ, le décor écrase presque le premier rang des spectateurs tant il est proche. Les mineurs s’invectivent de part et d’autre des marches du théâtre sur cette idée d’étudier l’art avec une prof qui ne correspond en rien à leurs canons. Puis, l’espace évolue, s’agrandit, triple de volume au fur et à mesure que les mineurs s’ouvrent à l’art. Une manière pour Lee Hall de montrer que l’art est fondamental même pour les gens du peuple.
Fresque sociale
Entre deux touches de peinture, le scénariste de Billy Elliot n’oublie pas de dénoncer les conditions dangereuses et pénibles dans lesquelles travaillaient les mineurs. Jimmy raconte sa terreur à dix ans de rester seul dans le noir pendant de longues heures. Dans les échanges reviennent les revendications syndicales, l’exploitation des ouvriers, le chômage et la situation misérable des familles de mineurs. Mais Lee Hall va au-delà, il s’attache aussi à la loyauté au sein de cette corporation. Quand une richissime collectionneuse s’intéresse aux toiles de l’un d’entre eux et veut qu’il arrête de descendre au fond du puits pour créer, quel chemin va-t-il choisir, le sien ou les copains de galère ?
Qu’est-ce que l’art
L’art appartient-il à une classe sociale bien née ? Peut-il jaillir de l’esprit d’un mineur ? En transformant ces ouvriers en artistes, démonstration est faite que la créativité n’a ni classe sociale, ni frontière. L’ensemble est plein de générosité, bien rythmé, bien joué. On est pris par ces hommes qui se transforment, s’ouvrent, comme le décor. Eux aussi peuvent créer du beau, passer d’artisans à artistes.
Le spectacle a fait salle comble au théâtre Le 11. Avignon, nul doute qu’il rencontrera le même succès prochainement à Paris.
Joël BARCY
« Du charbon dans les veines – Théâtre du Palais Royal, Paris, du 6 septembre au 21 décembre 2025.