Tribune de Christian Jean: Nous sommes tous coupables et responsables des Minots

Aujourd’hui, une femme est morte, elle n’a pas été tuée par son conjoint, elle est morte en faisant son métier de surveillante, elle ne surveillait pas des prisonniers dans une prison de haute sécurité, elle était surveillante dans un collège, elle n’est pas morte sous les mains d’un horrible terroriste islamique ou d’un vieux raciste d’extrême droite, non, elle a été tuée par Quentin.

© tableau du peintre CAM
© tableau du peintre CAM

La fin de la jeunesse, la fin des émotions et des valeurs

Quentin n’était pas membre d’un gang ou d’une bande de quartier. Il était juste un enfant.

Quentin voulait simplement tuer, sans émotion, sans empathie, sans remords, sans bien ou mal …

Sans rentrer dans la psychiatrie, et n’ayant aucune compétence dans le domaine, je suis allé chercher chez Dr Google la définition du Psychopathe «De façon générale, les traits psychopathiques incluent une capacité limitée à ressentir la peur et l’anxiété, une insensibilité aux autres, une absence d’empathie, une irresponsabilité, un manque de remords et de culpabilité … »

Sans être un expert, on peut noter que la ressemblance est troublante.

Les meurtres d’adolescents par des adolescents se succèdent, du Lycée de Nantes en passant par Dax ou Paris, les jeunes se tuent à l’arme blanche, au couteau, mais aussi à coups de machette ou de marteaux.

L’horreur des tranchées a submergé nos jeunes sans histoire, sans passé, sans culture, une génération qui n’a jamais connu la guerre est capable du pire de la pire des guerres

Qu’est-ce qui provoque la psychopathie ?

Le mensonge pathologique, les violations répétées des normes sociales, la victimisation, la tendance à blâmer autrui ou l’intolérance à la frustration peuvent être des comportements révélateurs de ce trouble.

Si vous reconnaissez dans ces causes le fonctionnement de notre société et de nos élites, ne sous étonnons pas des conséquences sur les enfants.

Disparition de la famille protectrice et référente

Le premier lieu d’éducation et d’exemplarité c’est la famille, la famille n’existe plus et n’a plus aucune autorité dans notre droit, mais elle n’existe plus dans les faits : explosion des familles monoparentales, les enfants sont à la charge des mamans, les pères sont souvent démissionnaires ou «démissionnés par la justice», interdiction des punitions, des choix indicatifs (religion, culture, sexe, genre …).

Les effets désastreux de la peur permanente

La peur permanente, alimentée par les messages incessants sur la violence, la guerre, et les mouvements écologistes, a des effets dévastateurs sur les jeunes. Ils vivent dans une angoisse constante de la fin du monde, se sentant responsables de la survie de la planète. Ce sentiment millénariste mène à des excès, des radicalisations et des violences. Les jeunes sont accablés par la culpabilité et la peur, ce qui les pousse parfois à des comportements extrêmes.

La fin de l’exemplarité des adultes et l’explosion de la violence

Les adultes, notamment ceux au plus haut niveau, ont perdu leur exemplarité. Les jeunes ne trouvent plus de modèle à suivre, ce qui contribue à l’explosion de la violence sous toutes ses formes. Les comportements irresponsables et les discours haineux des adultes influencent les jeunes, qui reproduisent ces attitudes destructrices. La société doit retrouver des valeurs et des principes solides pour guider les jeunes vers un avenir meilleur.

La perte du sacré et de la hiérarchie des valeurs

La perte du sacré et de la hiérarchie des valeurs est une autre cause de la dérive des jeunes. Certaines idéologies prônent que toutes les vies ne se valent pas, et, pour certains, la défense de la nature est plus importante qu’une vie humaine. Cette confusion des valeurs mène à des comportements dangereux et à une perte de repères. Il est crucial de rétablir une hiérarchie de valeurs qui respecte la dignité humaine et la vie.

La société de l’émotion

La société de l’émotion, alimentée par la télévision, les actualités, les réseaux sociaux et les jeux vidéo, sollicite en permanence les émotions des jeunes. Cette surstimulation émotionnelle les immunise peu à peu contre toute forme de sensibilité. Les jeunes deviennent insensibles aux émotions, ce qui les rend vulnérables à la manipulation et à la violence. Il est essentiel de réguler cette exposition émotionnelle pour préserver leur santé mentale.

Conclusion

Nous devons nous interroger sur notre rôle d’adulte. Où est notre exemplarité ? Quel est le message des politiques et des médias qui renvoient constamment les jeunes à leur nationalité étrangère, leur lieu d’habitation, leurs croyances religieuses, leurs engagements politiques ?

Les jeunes sont traités de voyous, de racailles, de non-citoyens, de décivilisés. Or, les jeunes ont besoin d’amour, de reconnaissance, d’appartenance. Ils sont, quels que soient leurs origines et leur statut social, l’avenir de la France. Ce sont eux qui, demain, gouverneront, voteront les lois, paieront nos retraites et partiront au front pour défendre la Nation. Ces discours et comportements ne donnent pas envie de travailler, de s’engager, de s’occuper des adultes.

Nous devons retrouver notre appartenance.

Quand un club de football comme le PSG a un projet à 40 ans, nos élus ont un projet à deux mois, la prochaine dissolution, un projet contre quelqu’un ou quelque chose depuis 40 ans, pas pour quelqu’un ou quelque chose.

Les jeunes sont nos enfants, nous en sommes tous responsables et coupables de leurs actes.

Les Minots sont à tout le monde, ils sont notre passé et notre avenir, si nous ne les protégeons pas, qui nous protégera demain ?

 Christian Jean est Président de l’Ordre National des Aumôniers Musulmans Scolaires (ONAMS)

 

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