Tribune de Maxime Boudet. «Victoire de Paris, calme de Marseille : et si c’était ça, la vraie leçon de la soirée ?»

Hier soir, Paris a gagné. Une belle performance sportive, une victoire méritée sur le terrain, une finale de Ligue des champions remportée avec panache. Bravo aux joueurs. Bravo au club. Bravo à ceux qui aiment le football et savent en apprécier la beauté, sans chauvinisme stérile ni aigreur.

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Maxime Boudet, 32 ans, citoyen engagé. © DR

Mais hier soir, alors que les Champs-Élysées s’embrasaient, que le périphérique était bloqué, que les forces de l’ordre étaient mises à rude épreuve, Marseille est restée calme. Oui, calme. Aucun débordement. Aucune vitrine brisée. Aucun carrefour saccagé. Aucune haine débordante. Rien que la vie, paisible, dans les rues d’une ville qu’on stigmatise trop souvent. Une ville qu’on caricature volontiers à la première étincelle, à la moindre tension, mais qui, hier soir, a donné une leçon de maturité. Même autour du Vélodrome, où Bruce Springsteen offrait un concert mythique à une foule en liesse, Marseille est restée digne. La passion, sans le désordre.

Quand les projecteurs s’allument sur la capitale, c’est pour montrer des scènes de chaos. Quand ils balaient Marseille, c’est pour tenter -difficilement” de comprendre ce paradoxe : les “ultras” marseillais sont restés dignes, mesurés, silencieux même, face à la victoire d’un club qu’ils aiment détester. Pourquoi ? Parce que Marseille n’est pas seulement passionnée. Elle est aussi responsable. Parce qu’elle a de la mémoire. Et que cette mémoire, hier soir, rappelait que Marseille restera à jamais la première.

Ils ont gagné un match. On a marqué l’Histoire. À chacun son trophée.

Mais ne tombons pas dans le piège du mépris ou de la revanche. L’heure est à l’en même temps. À la fois la fierté locale et la cohésion nationale. À la fois l’amour de sa ville et le respect de toutes les autres. Car ce qui doit primer, aujourd’hui comme demain, c’est notre capacité à nous rassembler, pas à nous diviser.

Oui, je soutiens la République, je crois au dépassement des clivages. Et hier soir, plus que jamais, je suis fier de Marseille. De son calme. De sa dignité. De sa force tranquille. Et j’invite chacun à s’en inspirer, au moment où la capitale, souvent érigée en exemple, peine à montrer l’exemple.

Pendant que Marseille restait digne, la France comptait 559 interpellations, dont 491 à Paris. 192 blessés ont été recensés, dont un policier dans le coma. Deux décès tragiques. 264 véhicules incendiés, 692 départs de feu. 5 400 policiers et gendarmes mobilisés. Ce sont les chiffres d’une nuit que certains voudront oublier, mais que d’autres retiendront.

Ce samedi soir Marseille n’a pas gagné la Ligue des champions. Elle n’a pas non plus perdu son sang-froid. Elle a simplement montré que l’on peut être passionné sans être violent. Fier sans être arrogant. Fort sans être brutal. Une leçon ? Peut-être. Une vérité ? Assurément. Gardons-la au chaud. On en aura besoin la prochaine fois qu’on nous expliquera que Marseille est ingérable, incontrôlable, incorrigible.

Hier soir, Paris a gagné. Mais Marseille a grandi.

Très tôt engagé en politique, Maxime Boudet est élu conseiller municipal dans son village natal, en Normandie, dès l’âge de 18 ans.  Il débute sa carrière comme Aide Médico-Psychologique auprès de traumatisés crâniens, au sein d’un centre de neuro-réhabilitation dans un service d’éveil coma. Par la suite, il devient Éducateur spécialisé, accompagnant des enfants en situation de handicap, des demandeurs d’asile et des personnes délogées. Il exerce ensuite comme collaborateur parlementaire à l’Assemblée nationale, avant de devenir Conseiller ministériel auprès du ministre chargé du Logement et de la Ville, de la secrétaire d’État chargée de la Jeunesse et du Service National Universel, puis auprès de la porte-parole du gouvernement. Installé à Marseille depuis 2020, il défend les valeurs de la République, celle du quotidien fondée sur la cohésion, l’engagement local et la justice sociale. Une République forte, pour tous, au delà des clivages.

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