UNOC3 : les 15 mesures portées par les Jeunes Engagés pour l’Océan

À la veille des Accords de Nice, la jeunesse interpelle les dirigeants mondiaux réunis pour la troisième Conférence des Nations unies sur l’Océan. Accueillis le 12 juin à bord du Thalassa, des délégations de jeunes ont présenté leurs plaidoyers et leurs propositions pour protéger l’Océan. Un travail collectif nourri par l’éclairage de la communauté scientifique.

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Planches issues de la série d’affiches réalisées à partir des plaidoyers des membres du Congrès Jeunes engagés pour l’Océan. Crédit : Vincent Boudgourd/Christophe Caubel.

Du 9 au 13 juin, la Conférence des Nations unies sur l’Océan réunit à Nice chefs d’État, scientifiques, ONG, entreprises et représentants de la société civile avec l’objectif de sceller de nouveaux engagements pour la préservation de l’océan : les Accords de Nice. Cette conférence doit contribuer non seulement à l’aboutissement des processus multilatéraux en lien avec la protection de l’Océan, et à mobiliser des financements pour sa conservation et son exploitation de manière durable, mais aussi à améliorer la diffusion des connaissances issues des sciences océaniques vers la société. Pour garantir que les décisions politiques prises dans le cadre des Accords de Nice s’appuient sur la science, l’Ifremer et le CNRS ont organisé, du 3 au 6 juin, le congrès scientifique international One Ocean Science, qui a rassemblé plus de 2 000 experts venus du monde entier.

Interpeller les décideurs politiques

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Planches issues de la série d’affiches réalisées à partir des plaidoyers des membres du Congrès Jeunes engagés pour l’Océan. Crédit : Vincent Boudgourd/Christophe Caubel

Le 12 juin, à la veille de la présentation des Accords de Nice, le Thalassa, l’un des dix-sept navires de la Flotte océanographique française a reçu à son bord une journée dédiée à la jeunesse. Le Thalassa a notamment accueilli les participants du Congrès Jeunes engagés pour l’Océan, porté par le réseau national Les Petits Débrouillards, l’Ifremer, l’Université Côte d’Azur et la Métropole Nice Côte d’Azur. Du 5 au 7 mai 2025, les participants avaient préalablement travaillé avec des scientifiques de l’Ifremer, de l’Université Côte d’Azur, du CNRS, du Centre scientifique de Monaco, de l’Institut de la Mer de Villefranche et de l’IRD. À leurs côtés, ils ont exploré les grands enjeux abordés dans les panels thématiques de l’UNOC et construit des plaidoyers à destination des décideurs politiques. Ceux-ci prennent la forme de quinze idées de mesures, à la fois concrètes et ambitieuses, en faveur d’un avenir durable de l’océan. De ces dialogues est également née une série d’affiches inspirée des Unes de presse, qui illustre avec force les engagements et la vision des jeunes pour l’avenir de l’océan.

Thierry Laugier, chercheur en écologie marine à l’Ifremer explique:  «Je suis intervenu auprès des participants du congrès pour parler avec eux d’alimentation durable issue de la mer. Je souhaitais leur offrir des clés de compréhension plutôt que de leur délivrer des connaissances. J’ai été impressionné par leur capacité à saisir la complexité des équilibres sur cette question et à formuler des propositions qui permettent de concilier la préservation de la biodiversité et l’exploitation des ressources marines pour l’approvisionnement alimentaire mondial.»

Les 15 mesures proposées par les participants du Congrès  jeunes engagés  pour l’océan

1. Établir une réelle gouvernance internationale, scientifique et politique, de l’océan.
2. Favoriser une gouvernance inclusive et participative des espaces marins.
3. Renforcer la coopération scientifique et technique internationale.
4. Reconnaître de manière effective les droits, savoirs et capacités des populations autochtones et des communautés côtières dans la gouvernance océanique.
5. Former les décideurs publics et privés.
6. Favoriser l’adoption de transports décarbonés et garantir une transition juste et durable pour les usagers et les territoires portuaires.
7. Garantir une aquaculture durable, respectueuse des écosystèmes marins et des besoins nutritionnels des populations, en collaboration avec les communautés locales.
8. Reconnaître, valoriser et légitimer le rôle et les actions des ONG et des autres acteurs de la société civile dans le respect des obligations internationales.
9. Renforcer la co-construction d’un savoir commun tout en veillant à son partage équitable, solidaire et inclusif entre citoyens, scientifiques et institutions.
10. Travailler sur la préservation du milieu de manière prioritaire en définissant des critères communs d’une aire marine protégée (AMP).
11. Renforcer les mesures de protection et créer de nouveaux espaces « no take zone ».
12. Encourager la gestion concertée d’aires marines protégées transfrontalières.
13. Soutenir la recherche en chimie permettrait de renforcer les connaissances scientifiques afin de réduire la pollution chimique et plastique en développant des procédés de fabrication plus respectueux de l’environnement, et en imposant une transparence de la part des entreprises via un «chimie score».
14. Changer le paradigme de la finance mondiale en créant un fonds bleu international pour l’océan, pour financer des projets océaniques à fort impact environnemental et social en impliquant une diversité d’acteurs, de l’échelle internationale à locale, en incitant les investissements publics et privés (exemple vers la décarbonation du transport maritime afin de faciliter l’équipement des bateaux).
15. Développer des mécanismes de suivi renforcé des engagements internationaux des États en mobilisant les nouvelles technologies pour améliorer la transparence et le contrôle de la mise en œuvre de ces obligations.
Sophia Zonca, étudiante en biologie marine à l’université Côte d’Azur et membre du congrès Jeunes engagés pour l’Océan souligne:

«Nous sommes nombreux à être préoccupés par les enjeux climatiques, mais nous nous sentons souvent isolés et peu écoutés. Rencontrer d’autres jeunes qui partagent le même idéal, pour défendre nos convictions, m’a donné de l’espoir. Ensemble, nous avons beaucoup travaillé sur la question de la coopération entre les décideurs politiques et les scientifiques, un préalable pour que les enjeux environnementaux soient défendus au plus haut niveau. J’ai d’ailleurs vécu ce congrès comme un exercice démocratique. Il m’a convaincu de l’importance de la recherche de consensus et des vertus du travail collectif.»

Pérenniser la dynamique

L’événement a également réuni des jeunes issus du réseau ePOP (IRD, RFI Planète Radio) et du programme prioritaire de recherche Océan & Climat (Ifremer, CNRS), à l’origine d’un manifeste pour la protection des océans. Aux côtés des participants du Congrès Jeunes engagés pour l’océan, ils ont restitué leurs travaux, en présence de Thibaut de Saint-Pol, délégué interministériel à la Jeunesse, de décideurs politiques, de représentants de la recherche -dont des dirigeants d’instituts nationaux-  et de journalistes. «Cette rencontre est une étape essentielle dans le renforcement d’une dynamique commune autour de ces jeunes engagés, qui vise à faire résonner leur voix et à diffuser leurs propositions bien au-delà de l’UNOC.»

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