Au Grand Théâtre de Provence – Un miraculeux concert miraculé !

Il eut été dommage que les difficultés de transport du « hr sifonieorchester Frankfurt » entraînent l’annulation du concert donné mardi soir au Grand Théâtre de Provence d’Aix-en-Provence. Car on a touché au très haut niveau avec les interprétations du concerto pour piano de Grieg et des Tableaux d’une exposition de Moussorgski.

Destimed Grand theatre de Provence copie
Alain Altinoglu et Jan Lisiecki aux saluts après une interprétation somptueuse du concerto pour piano de Grieg. (Photo M.E.)

Déplacer un orchestre de quelque cent instrumentistes n’est pas chose aisée. Pour donner son concert aixois mardi soir, le symphonique de la radio de Francfort avait prévu d’arriver la veille à Aix-en-Provence.

Impossible : pour cause de neige les pistes de l’aéroport n’étaient pas praticables. Décision était prise de s’envoler le mardi  matin de bonne heure. Nouveau problème : panne technique sur l’avion qui avait été affecté au vol. La décision a alors été prise de prendre un avion jusqu’à Lyon et de poursuivre le trajet en autobus. Ce qui fut fait avec quelques problèmes de livraison de bagage qui ont encore retardé l’arrivée des musiciens. Bref après ces péripéties le concert débutait avec une demi-heure de retard et l’ouverture pour orchestre « Dans la nature » de Dvorak passait à l’as.

On dit souvent que l’on reconnaît les grands dans leur capacité à surmonter les difficultés. Illustration parfaite avec cette soirée miraculeuse où la musique a atteint des sommets. A commencer par l’interprétation du concerto pour piano en la mineur de Grieg. Un immense moment de puissance romantique offert par le pas encore trentenaire pianiste canadien, Jan Lisiecki, tour à tour virtuose, sensible, précis, dynamique, accompagnant, lorsqu’il le pouvait, de la tête la direction des musiciens pratiquée avec densité par Alain Altinoglu. Osmose parfaite entre les artisans de cette merveille d’interprétation  saluée triomphalement par une salle conquise qui s’est vu offrir un « bis » de Chopin délicieusement interprété par le prodige Lisiecki.

Il est certainement des répertoires qui correspondent mieux à certains orchestres qu’à d’autres. Et la rigueur allemande, qui n’est en rien perturbante pour la sensibilité des interprétations, a fait merveille pour les Tableaux d’une exposition de Moussorgski, initialement composés pour le piano et orchestrés par Maurice Ravel. Dix tableaux repensés ici par Alain Altinoglu avec intelligence et ferveur. Sa direction précise et lumineuse donne à entendre des moments musicaux intenses et aux sonorités parfois éloignées, surtout pour les cuivres, de ce qui est commun au disque. Il maîtrise idéalement un orchestre qui, même après les péripéties qu’on sait,  a su donner du relief, des couleurs, de l’originalité à cette partition. On eut aimé que l’exposition soit un peu plus importante tant le plaisir était grand. Triomphe absolu à l’issue avant un bis paisible et délicat, la sicilienne de Pelleas et Melisande de Gabriel Fauré et un dodo bien mérité.

Michel EGEA

 

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