Décès de l’Eurodéputée écologiste du Sud-Est, Michèle Rivasi

depuis près de 15 ans est décédée d’une crise cardiaque ce mercredi à Bruxelles peu avant de rejoindre le Parlement européen. Cette combattante de l’écologie avait cofondé la Criiad (La commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité). Elle avait 70 ans.

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Michèle Rivasi, députée européenne EE-LV était de tous les combats. (Photo Sébastien Barles)

De tous les combats

Elle se mettait en quatre pour trouver un créneau dans son agenda et répondre aux questions des journalistes, du moment que cela pouvait faire avancer un dossier. Nucléaire, boues rouges, glyphosate, autoroute, huile de palme et récemment la Dépakine, elle prenait à bras le corps les causes qu’elle croyait justes et affrontait  lobbies et l’État sans faiblesse.

« Un mensonge d’État »

Professeure agrégée de biologie, normalienne, elle s’est faite connaître en 1986 en dénonçant le « mensonge d’État » à propos du nuage de Tchernobyl. Peu de temps après la catastrophe nucléaire elle cofonde la Criiad pour s’opposer au monopole de l’État sur ces études. Étayés par sa culture scientifique, ses combats n’ont pas toujours payé mais elle a su convaincre et réunir ceux qui parfois doutaient.

Sur la scène européenne

Après des mandats locaux dans la Drôme, elle est élue députée en 1997 puis devient une incontournable élue de l’hémicycle européen en 2009. Elle sera réélue en 2014 et 2019. Très populaire auprès des militants écologistes, elle avait défié tous les pronostics lors d’une primaire ouverte chez les Verts en 2016 – avant la présidentielle de 2017 – et avait devancé Cécile Duflot. En 2019, elle avait également failli ravir la tête de liste aux européennes à Yannick Jadot. Infatigable, elle était de toutes les sessions à Bruxelles pour peser sur les décisions. Elle avait réussi à alerter nombre de députés européens sur les dangers du glyphosate. Elle avait gagné une première bataille mais elle s’en est allée avant que le combat ne soit fini.

 « La dernière des Amazones »

Sébastien Barles, adjoint écologiste au maire de Marseille, qui l’a côtoyée pendant 15 ans, est sous le choc. « C’est une perte phénoménale. C’était une personnalité d’exception, on n’en fait plus des comme ça. C’était une combattante, la dernière des Amazones sans doute à siéger au Parlement européen. Elle ne lâchait rien et avait un vrai courage politique».  Pour ce compagnon de route, Michel Rivasi a toujours combattu avec des arguments. « C’était une scientifique, elle a voulu lutter contre l’opacité. Elle s’opposait aux lobbies qui voulaient capter l’indépendance de la science et a toujours milité pour la transparence et la vérité. Dans la région elle a lutté contre les boues rouges, l’huile de palme chez Total à la Mède, contre des décharges aussi. A Bruxelles elle passait son temps à vouloir convaincre les députés sur les causes qu’elle défendait parfois dans le train ou à la buvette du Parlement ». Pour l’élu marseillais Michèle Rivasi «n’était pas une femme d’appareil, elle n’était pas reconnue à Paris mais avait une grande estime des milieux associatifs et un respect des anciens qui avaient vu son action contre le nucléaire après Tchernobyl ».

« Elle éveillait les consciences »

Christophe Madrolle, conseiller régional, président de l’union des centristes et des écologistes reconnait éprouver « beaucoup de tristesse » à la suite du décès de cette écologiste engagée. « C’était une avant-gardiste, elle a éveillé les consciences, elle m’a amené à cheminer ». Pour l’élu, «Michèle Rivasi a toujours milité pour le rassemblement et non pour la division. Elle n’était pas partisane d’une écologie politique où on se regarde le nombril, où dès que l’on a trois militants ensemble c’est une mêlée ouverte ! Elle connaissait ses dossiers sur le bout des doigts. C’était une vraie femme engagée. Elle n’était pas partisane de la polémique et de la petite phrase . De toutes les manifestations elle n’était pas une ayatollah. « Elle était pour une écologie pragmatique avec des ruptures fortes mais en respectant les lois et la République. On pouvait discuter avec. Elle menait des combats justes. C’est une perte pour l’écologie et elle va manquer au Parlement

Michèle Rivasi est décédée brutalement alors qu’elle allait encore mener de nouveaux combats au Parlement européen. La camarde ne lui a pas laissé le temps de la discussion.

Joël BARCY

 

 

 

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