Chronique littéraire de Jean-Rémi Barland. « Combustions » de François Gagey : un premier roman incandescent

François Gagey sera présent aux Correspondances de Manosque du 24 au 28 septembre avec son roman « Combustions » qui traitant en partie d’un accident dans une centrale nucléaire interroge la question de l’identité.

Destimed Francois Gagey COMBUSTIONS Photo Pascal Ito
François Gagey dans « Combustions » fait dire à un de ses personnages : « Je serai avec toi, toi et tous les autres. Poignées d’atomes parmi les atomes. » Photo Pascal Ito – Photo couverture : « Mont Saint Michel » ADAGP Paris

« Que s’est il passé à Flammanville ? », s’interroge Baptiste Kaplan le narrateur de « Combustions » le premier roman de l’avocat François Gagey qui viendra le présenter aux journées de la Correspondance de Manosque. Il nous est précisé : « Un incident s’était produit dans Flammanville 1, le plus vieux des trois réacteurs de la centrale. Son circuit de refroidissement directement alimenté par l’eau de mer, s’était obstrué, (…) et le débit du circuit de refroidissement s’était drastiquement ralenti, provoquant la montée de la température et de la pression du circuit secondaire.» Il est donc question ici d’un accident très grave au cœur d’une centrale nucléaire située dans un Cotentin, désormais coupé du monde. Trois amis : Darko Parsic, ancien supporter du PSG qui a voyagé au Brésil, où il  a rencontré Réjane et qui a depuis monté sa propre société, Paul Desgrandchamps, un banquier d’affaires d’une cinquantaine d’années quitté par sa femme, et Baptiste Kaplan qui travaille avec Paul, devenu pour lui une sorte de mentor, se retrouvent coincés, prisonniers même dans une zone contaminée. Ce qui devait être pour ces trois amoureux de la vie, une agréable randonnée en montagne se transforme en cauchemar.

Parrainé par Didier van Cauwelaert

Premier roman d’un avocat parisien de quarante ans, « Combustions » se trouve être parariné par Didier van Cauwelaert qui souligne dans ce premier texte publié comme les siens chez Albin Michel, « la précision du coeur et du style jamais soumis à son sujet». Gravité, humour, sensualité, drame aussi puisque dès le début du récit on apprend que Paul est mort, le roman effectue de subtils allers-retours entre le suspense d’un présent funeste et le souvenir d’un passé reconstruit par la force des souvenirs. Un passé où apparaît la magnifique présence de Yasmine Ben Febrah, agente immobilière qui ayant rencontré Paul deviendra pour lui « le détonateur et le réceptacle » d’une « explosion de vie». Ajoutez Patrice Salpierre, un galeriste, véritable institution du marché de l’art, Guillaume Bresson, peintre à succès « dont on s’arrachait les scènes d’émeutes urbaines et de viols dans les parkings », Martin Barré, artiste « qui ajoute un peu d’humour au drame de l’existence », Safya Lajoux,  l’actrice la mieux payée de France, Julien Quemer, camarade de Darko, descendu par un flic quand ce dernier avait près de vingt ans, Andréa Thibierge, la fille de cette Marine, dont Baptiste fou amoureux, est sans nouvelles, autant de personnages pas du tout secondaires et vous aurez les principaux protagonistes de ce roman dévoilant par petites touches des vérités à la fois individuelles et sociétales.

« Le meilleur de lui-même se consumait ailleurs »

« C’est une qualité de savoir reconnaître le bonheur quand il est là», écrit François Gagey, peintre des sentiments dont chaque scène est un tableau. Se terminant de façon aussi spectaculaire que l’accident de la centrale, portant en conclusion ces quelques mots : « Je serai avec toi, toi et tous les autres. Poignée d’atomes parmi les atomes » dont on vous laissera deviner le pourquoi du comment « Combustions » comme l’a fait remarquer Didier van Cauwelaert peut être illustré par cette phrase : « Le meilleur de lui-même se consumait ailleurs. ». Corps et esprits en feu, voilà un premier roman incandescent salué aussi par Abel Quentin, Claire Berest et Capucine Ruat, qui signale l’arrivée en littérature d’un écrivain surdoué, généreux et très attentif aux soubresauts du monde moderne et de la psychologie humaine.

Jean-Rémi BARLAND

« Combustions » par François Gagey  – Albin Michel – 350 pages – 21,90 €.

 

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