Deuxième tour des municipales à Marseille : Jean-Claude Gaudin reçu avec mention pour un score de 6 (secteurs) sur 8

Publié le 31 mars 2014 à  3h58 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  17h47

(Photo Philippe Maillé)
(Photo Philippe Maillé)
Marseille aime cultiver sa différence. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’elle n’en a pas abusé à l’occasion de ce second tour des municipales. Comme partout en France le PS a été largement défait par l’UMP, Jean-Claude Gaudin conservant largement son fauteuil. La cité phocéenne a même poussé la coquetterie jusqu’à avoir un résultat identique à celui de sa voisine, sa plus proche ennemie : Aix-en-Provence, où là aussi le premier édile UMP (Maryse Joissains en l’occurrence) a été réélu. Le PCF perd pour sa part un de ses fiefs historiques : Aubagne.
A Marseille, il aura fallu à Jean-Claude Gaudin attendre son quatrième mandat pour obtenir sa plus large victoire : il obtient 61 élus, contre 20 pour le FN et le PS 20. Mais un des faits les plus marquants de ces municipales est la victoire, dans les 13/14 du frontiste Stéphane Ravier (32,15% ). Un secteur dans lequel, le PS, arrivé en troisième position derrière le FN et l’UMP, a décidé de se maintenir.
L’UMP Dominique Tian (44,89%) prend pour sa part la mairie des 1/7 détenue par Patrick Mennucci, 40,50%. Une victoire qui lui vaudra d’être le futur 1er adjoint de Jean-Claude Gaudin. Dans les 4/5 la ministre Marie-Arlette Carlotti est largement battue, 33,5% des voix, contre 47,9% pour son adversaire UMP-UDI Bruno Gilles.
Au PS l’heure des débats, pour ne pas dire plus, va commencer, si ce n’est déjà fait.
Le contexte national a incontestablement joué contre les candidats socialistes. A Marseille comme à Aix-en-Provence, les primaires socialistes ont eu un effet désastreux. Elles ont mis en avant les divisions entre les candidats, elles ont conduit à structurer des équipes derrière chaque candidat qu’il a été impossible de réunir par la suite. Et la campagne du second tour du PS, malgré l’accord avec le Front de Gauche, n’a pas entraîné un mouvement suffisamment fort pour inverser les tendances du 1er tour.

« C’est un succès national pour la droite républicaine et le centre »

Jean-Claude Gaudin se réjouit : «C’est un succès national pour la droite républicaine et le centre. Un succès plus important qu’en 1983 et probablement sans précédent depuis 1947. C’est un échec national pour le Président de la République qui s’était cru permis de constituer les listes de Patrick Mennucci. C’est aussi un échec personnel pour ce dernier qui est battu dans son propre secteur. Et le PS a pris la responsabilité écrasante de se maintenir dans les 13/14, faisant gagner ainsi le Front National dans ce secteur». Puis de poursuivre : «Ce soir nous avons aussi 43 élus à MPM où une deuxième élection nous attend, celle du président de la métropole». Avant de rappeler : «Lors du second tour nous avons tendu la main, fait l’union avec Lisette Narducci (PRG) dans les 2/3 et, dans les 11/12, avec notre ami Robert Assante (DVD) à la suite du score significatif qu’il avait obtenu au 1er tour. Notre ville est difficile, notre politique c’est la générosité».

« J’assume personnellement en tant que tête de liste cette défaite »

Le candidat socialiste Patrick Mennucci reconnaît : «Mes listes ont été battues dans notre ville. J’ai moi-même étais battu dans mon secteur. J’assume personnellement en tant que tête de liste cette défaite». Il affirme pour autant vouloir poursuivre le combat. Puis d’expliquer, à propos des 13/14 qu’il a pris la décision, en accord avec ses colistiers, de maintenir la liste Garo Hovsepian, car le réservoir de gauche pouvait permettre à ce dernier de l’emporter.
Garo Hovsepian de confirmer : «J’ai posé la question du maintien de notre liste et Patrick Mennucci ainsi que les autres têtes de liste ont décidé de continuer parce que l’ensemble des voix de gauche était supérieur à celles de l’UMP et même du FN. D’ailleurs j’ai eu la plus grande progression en voix du 2e tour. Et je dois dire que les voix de Pape Diouf ont fait défaut. Aujourd’hui c’est un jour triste pour la démocratie».
Alors que, selon l’UMP Renaud Muselier, «La nuit des longs couteaux a commencé au PS. Peu importe le mode de sélection, le PS a perdu, une majorité écrasante a été donnée au sénateur-maire de Marseille, à la ville comme à MPM. Maintenant il y a quelque chose qui me révulse c’est d’entendre que Garo Hovsepian s’est maintenu parce que mathématiquement il pouvait gagner. La politique, heureusement, ne marche pas ainsi. Ils ont pris un risque fou de penser pouvoir gagner avec plus de 10 points de retard. L’élection du FN dans les 13/14 est de l’entière responsabilité du PS, il devra l’assumer».

« Ce soir, il faut prendre le temps d’analyser notre échec à froid »

Samia Ghali, la sénatrice PS, seule à conserver son siège de maire des 15/16 avance : «Patrick Mennucci s’est exprimé avec humilité. Il est clair que non seulement nous avons perdu trois secteurs mais en plus nous en avons perdu un au profit du FN. Ce soir, il faut prendre le temps d’analyser notre échec. Il faut penser à tous ces militants, ces Marseillais qui y ont cru, qui se sont battus jusqu’au dernier instant. Il faut avoir du respect pour ces personnes. Le temps de l’analyse viendra».
Concernant les primaires, elle juge : «J’étais devant au premier tour et je pense qu’il aurait mieux valu que l’on s’arrête là. La primaire est derrière nous. Maintenant nous avons fait une campagne et nous avons perdu, nous avons été moins bons que les autres et c’est tout. Après on peut trouver toutes les excuses que l’on veut. Le bilan on le tirera en temps et en heure. C’était une élection de secteurs et les résultats sont ce qu’ils sont. Il ne faut pas jeter la pierre sur les primaires, moi je souhaitais qu’elles se déroulent en juin pour laisser du temps après de soigner quelques cicatrices, elles ont eu lieu en octobre conformément au souhait de tous les autres candidats».

« Les primaires ont été plus facteur de divisions que de rassemblement »

Alors que Christophe Masse, battu dans les 11/12, juge : «Ce soir, c’est un véritable séisme. Il nous faudra tirer un bilan tant sur un plan idéologique que sur celui de la méthode. Je ne souhaite pas de règlements de compte. Il faut mesurer ce qui relève de l’impact de la politique gouvernementale comme de notre séquence post-primaires qui, à mes yeux, a été catastrophique. Nous sommes à ce niveau tous responsables car nous n’avons pas su jouer collectif ».
Marie-Arlette Carlotti est beaucoup plus critique. Elle demande la dissolution de l’appareil socialiste à Marseille et rappelle qu’elle a toujours été opposée à la tenue de primaires. «Elles ont été plus facteur de divisions que de rassemblement ». Elle dénonce à ce propos la direction du PS. S’en prend aussi à cette dernière à propos de Jean-Noël Guérini : «Le Parti n’a jamais pris ses responsabilités le concernant».

« Mon combat pour Marseille se poursuit »

Eugène Caselli, PS, avance pour sa part, après son combat dans les 2/3 : «Nous avons mené une campagne ambitieuse, une campagne de convictions, une campagne honnête. La bataille a été difficile, marquée par des manœuvres déloyales. Je prends acte du résultat des urnes. Il est honorable. J’ai doublé mon score du premier tour, j’ai gagné des bureaux emblématiques, j’ai résisté dans les bastions de la coalition Gaudin-Guérini. Mes pensées, ce soir, vont vers les électeurs de Marseille que, nous, nous n’avons ni trahis, ni trompés. Je veux leur dire que, dans ce contexte délétère, alors que l’abstention a atteint des sommets, nous avons défendu nos valeurs, sans compromission et nous avons sauvé notre honneur».
Il conclut son propos : «Je veux dire aux électrices et aux électeurs que le combat pour notre ville continue. Mon combat pour Marseille se poursuit ».

« Nous y regarderons à deux fois avant de passer des accords avec le PS »

Parmi ceux qui ont rejoint le PS dans cette campagne, c’est Karim Zeribi, EELV qui se montre le plus virulent : «Nous serons vigilants et, lors des prochaines échéances, nous y regarderons à deux fois avant de passer des accords avec le PS puisqu’il n’a pas respecté les accords que nous avions passés».
Samuel Joshua, Front de Gauche, candidat dans les 13/14, juge pour sa part : «Les catégories populaires ont lâchés le PS à cause de sa politique. Et ce n’est pas en changeant de gouvernement mais de politique que les choses vont s’arranger. Alors nous invitons la population à résister dans les 13/14 et il faut s’organiser pour, au niveau national, arrêter cette politique de désespérance».
Alors que, pour Pierre Dharréville, secrétaire départemental du PCF 13 : «Un changement de politique s’impose, il est grand temps de le comprendre. Cela doit commencer par oublier au plus vite le pacte de responsabilité. Il est urgent de faire grandir d’autres perspectives et de rendre à la gauche sa raison d’être : transformer la société et travailler à l’émancipation humaine. L’heure est à la contre-offensive. Il est temps que ça change».

Michel CAIRE

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