Publié le 28 mai 2023 à 11h35 - Dernière mise à jour le 9 juin 2023 à 20h06
«L’Été dernier» marque le retour de Catherine Breillat à la fois derrière la caméra et en compétition à Cannes après 10 ans d’absence. La cinéaste de 74 ans signe le remake d’un long métrage danois de 2019. Un portrait complexe d’une quinquagénaire qui séduit son jeune beau-fils de 17 ans. Un récit subtil et dérangeant.

Transgressif ?
Comme toujours avec Catherine Breillat, les critiques seront antinomiques, indécence et transgression s’opposeront à originalité et passion. Ce nouveau long métrage offre un récit vif. Le décor est rapidement posé au sein d’une famille bourgeoise. Anne (Léa Drucker) est une avocate spécialisée dans la défense d’enfants victimes de violences, Pierre (Olivier Rabourdin) son mari est chef d’entreprise. Théo (Samuel Kircher), né du premier mariage de Pierre, déboule dans ce cadre empesé. Un ado emmerdeur qui n’a pas accepté que son père l’abandonne après son divorce et lui fait payer. Une complicité va se nouer avec Anne quand elle tait à son mari le braquage de la maison par son propre fils. Anne se rapproche de l’ado turbulent, qui la renvoie à son propre ennui conjugal. Un désir réciproque se noue. L’érotisme pointe lors d’une scène d’un tatouage opéré par Théo sur le bras de sa belle-mère.« Je suis une entomologiste »

La tentation de la chute
Catherine Breillat scrute longuement le visage d’Anne dans les scènes d’amour avec Théo. Qui cherche-t-elle ? Un mystère, une excuse ? Anne mettra un terme à sa liaison avec Théo quand sa sœur les découvre enlacés et que la menace d’éclatement de la famille est patente. Quand son beau-fils révèle leur liaison à son père une fureur froide s’empare d’elle. Se dessine alors le portrait d’une manipulatrice endossant le rôle de victime face à Pierre. «Il existe un chaos profond à l’intérieur de cette femme. Un tourment. Une sorte de pulsion inconsciente de faire voler en éclat le confort bourgeois dans lequel elle est confortablement installée. Une tentation irrépressible de la chute. C’est tentant parce que c’est un vertige et c’est assez universel », confesse Léa Drucker.



