Manuels Valls en visite ce vendredi à Marseille : Réaction de Caroline Pozmentier

Publié le 1 juin 2013 à  2h00 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  15h57

Le ministre de l'Intérieur Manuel Valls, en visite à Marseille ce vendredi et Jean-Paul Bonnetain , Préfet de Police des Bouches-du-Rhône
Le ministre de l’Intérieur Manuel Valls, en visite à Marseille ce vendredi et Jean-Paul Bonnetain , Préfet de Police des Bouches-du-Rhône

Le ministre de l’Intérieur Manuel Valls, en visite ce vendredi à Marseille, a estimé que « la stratégie de reconquête commençait à porter ses fruits », dressant un bilan des deux Zones de sécurité prioritaires (ZSP) de la ville. Le ministre a détaillé l’ensemble des renforts de police ayant accompagné la création de deux ZSP (Nord et Sud) de Marseille avec l’arrivée de « 230 policiers et gendarmes et de trois unités de forces mobiles permanentes » qui ont permis, selon lui, « une occupation dynamique de la voie publique » ou de renforcer « les moyens d’investigation ».
« De la répression à l’amélioration du cadre de vie », Manuel Valls a vanté les mérites de « l’approche globale ». Cette méthode mise en œuvre par le préfet de police Jean-Paul Bonnetain, préconise, en marge des opérations de police menées dans les 40 cités sensibles, l’intervention des acteurs sociaux, bailleurs, associations et services de l’État. Ce qui n’a pas manqué de faire réagir Caroline Pozmentier, adjointe au maire de Marseille, déléguée à la sécurité et prévention de la délinquance, à Police municipale et Police administrative, qui a accompagné le ministre.
Caroline Pozmentier, adjointe au maire de Marseille déléguée à la sécurité et prévention de la délinquance, à la Police municipale et la Police administrative. (PHOTO PHILIPPE MAILLÉ)
Caroline Pozmentier, adjointe au maire de Marseille déléguée à la sécurité et prévention de la délinquance, à la Police municipale et la Police administrative. (PHOTO PHILIPPE MAILLÉ)

Quel a été l’objectif de votre présence aux côtés du ministre ?
C’était l’occasion de rappeler que notre municipalité a toujours travaillé dans le partenariat dans les enjeux de prévention de la délinquance. C’est d’ailleurs pour cela que j’ai assisté à la réunion du Groupe de périmètre de sécurité (GPS) de la Rose puisque les chargés de missions du Conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance (CLSPD) y participent depuis leur création. J’ai toujours soutenu un travail partenarial , indispensable pour réussir tout ce qui concerne la prévention de la délinquance, qui recoupe les enjeux d’éducation, de rénovation urbaine, d’amélioration du cadre de vie, etc. Que le ministre s’en félicite aujourd’hui, c’est très bien mais il ne faut pas oublier qu’il s’agit du travail que l’on a initié depuis de nombreuses années. Les fruits commencent à mûrir notamment par un travail remarquable qui est réalisé par les travailleurs sociaux, les responsables des centres sociaux et il était important , aujourd’hui, de leur donner toute la reconnaissance qu’ils méritent. Pour autant, nous avons entendu des habitants qui sont encore sceptiques sur ce travail partenarial. La question qu’ils se posent : Est-ce qu’il va se poursuivre ? Il faut effectivement que l’État continue à mettre des moyens dans ces périmètres. Puis, les opérations de police qui concernent les ZSP doivent aussi être pérennes, c’est une demande des habitants. Quand on rencontre des mères de familles, des commerçants qui vivent et travaillent dans ces quartiers, il faut absolument que dans notre ville, nous ayons suffisamment d’effectifs de police pour répondre à la lutte contre la délinquance, au trafic organisé. Après lorsque nous aurons regagné, reconquis le territoire, les bonnes pratiques partenariales pourront se mettre en place. Ce que l’on peut constater à propos du suivi individualisé, un des fers de lance de la loi du 5 mars 2007, loi qui a fait des maires des villes, des chefs d’orchestre de la politique de prévention de la délinquance, la méthode Valls n’est pas encore aboutie.

Qu’est-ce que vous entendez par « pas encore aboutie » ?
Notre ville doit être traitée comme la 2e ville de France que ce soit dans les Zones de sécurité prioritaires mais également dans toutes les zones où les habitants réclament un peu plus de présence policière. Le ministre a pu constater que la municipalité travaille et œuvre dans tous les dispositifs. La police municipale est dans le Groupe local de traitement de la délinquance (GLTD) sous l’égide du Parquet, elle est également présente dans les opérations de ZSP. Nous sommes parfaitement en droit et le maire est légitime, à demander des renforts policiers et à ce que la méthode partenariale aille encore plus loin comme nous l’avons souhaité avec un travail individualisé beaucoup plus chirurgical qui permettra d’accompagner des familles, des individus afin de mieux prévenir la récidive notamment dans le cadre de mineurs qui malheureusement sont sortis du système.

Est-ce qu’avec Manuel Valls, on assisterait à un retour de la Police de proximité, supprimée sous Sarkozy ?
Ce n’est pas, justement, un retour de la Police de proximité. C’est un retour à rien du tout. C’est la continuité d’opérations au cœur des cités sensibles qui avaient déjà commencé à l’époque du Préfet Clément. Aujourd’hui, avec la méthode Valls, la police mène des opérations et repart. Mais n’oublions pas que ces opérations sont faites avec l’aide des CRS, compagnie républicaine de sécurité qui par essence sont mobiles. Nous avons eu des renforts, merci , pour autant ce sont des effectifs pérennes dont nous avons besoin afin de permettre à tous ces quartiers de disposer de policiers qui doivent contribuer à lutter contre la délinquance. C’est quand même une des compétences régaliennes de l’État. Et là personne n’est dupe, les effectifs de CRS et de gendarmes mobiles sont là puis repartent.

Mais est-ce qu’il y a des résultats ?
Là, on n’a pas parlé de résultats. Le ministre a voulu entendre les travailleurs sociaux, rencontrer ses troupes pour les encourager. Le maire m’a demandé d’être aux côtés du ministre parce que la municipalité contribue à la réussite de ces dispositifs. Les résultats sont ceux de lutte contre la délinquance avec des démantèlements de trafic, ou des saisies de drogue ou d’armes mais on est loin d’une méthode de reconquête.

Propos recueillis par Patricia MAILLE-CAIRE

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