Le parc Chanot ressemble à une ruche. Jusqu’à samedi des dizaines de milliers d’adolescents et parents vont sillonner les halls et les allées à l’occasion des worldskills. Les Jeux olympiques des métiers. Des centaines de jeunes vont se mesurer dans 67 catégories. L’occasion pour les adolescents venus en visiteurs de, peut-être, trouver leur voie.
Une biennale
Les worldskills se tiennent tous les deux ans. Après des sélections régionales, les jeunes se retrouvent pour la finale du championnat de France, cette année, à Marseille. L’enjeu est sérieux, les médaillés pourront participer aux worldskills Europe puis mondiaux. Une médaille d’or dans la cité phocéenne et un avenir radieux est quasi assuré. Tania Minic a été lauréate dans la catégorie soins esthétiques en 2022, sa vie a totalement changé. « Cela booste une carrière c’est sûr mais pas seulement c’est une aide dans la vie personnelle pour s’être dépassée, ça nous pousse à aller plus loin, plus haut. Et, mentalement on grandit beaucoup plus vite, on arrive à se dire beaucoup plus rapidement qu’on peut faire des choses extraordinaires. » Et pensait-elle être à la tête de son salon aussi rapidement ? «Ah non, s’exclame-t-elle, pour être honnête je pensais que je me serais installée à mon compte plusieurs années plus tard.»
Une identification
Côté boucherie les compétiteurs sont à pied d’œuvre et s’attaquent à de sérieuses pièces. Tout est scruté par des professionnels membre du jury. L’idée derrière ces worldskills, c’est d’avoir une identification avec les compétiteurs. « Là, on a des jeunes très motivés qui transpirent un savoir-faire et les autres jeunes sont étonnés de voir des adolescents comme eux qui sont très perfectionnistes, note François Mulette, directeur pédagogique Ecole supérieure nationale des métiers de la viande. C’est très bien de montrer ces filières de métiers manuels parce que, je dis souvent que c’est la tête qui guide la main. On dit métiers manuels mais ce sont aussi des métiers intellectuels parce qu’il faut diriger l’outil. On a une série de jeunes qui sont en finale et qui sont déjà de très haut niveau »
Faire son marché
Pour les secteurs en tension, les worldskills sont aussi l’occasion de séduire les jeunes visiteurs en leur faisant découvrir, parfois de manière ludique, des métiers. C’est le cas de la petite enfance avec table et cuisine géante pour que l’adolescent imagine la vie d’un enfant. « On a de nombreux métiers en pénurie concède Véronique Auzet, du syndicat employeur Alisfa. On recherche des animatrices petite enfance, des auxiliaires de puériculture, des éducateurs de jeunes enfants, des animateurs de lieux d’accueil parents, enfants… On espère que notre mise en situation permettra de développer des vocations. »
Longue déambulation
Renaud Muselier, le président de Provence-Alpes-Côte d’azur, chef de file de l’opération, est passé de halls en halls, de stands en stands, plus de deux heures de déambulation. A l’arrivée, la satisfaction de voir ces milliers de jeunes intéressés par les métiers et la compétition. « On s’est positionné très tôt avec le rectorat, avec tous les services de l’Etat, les lycées, France travail, les départements. C’est nous qui pilotons un peu tout ça mais on est sortis de nos silos pour faire ensemble. Vous avez vu les allées du parc Chanot c’est rempli de monde, de jeunes qui viennent voir la compétition mais aussi les métiers. Ce sont les jeux olympiques des métiers, il y en a 67. Quand vous êtes collégiens ou lycéens vous vous demandez toujours ce que vous voulez faire et là c’est un très gros coup, vous avez tout pour vous informer. »
Un formidable booster
« Un titre de champion de France est un formidable booster affirme Florence Barrot-Poivet, la présidente des Worldskills France. Il y a une énergie positive extraordinaire, à la fois des jeunes, des experts qui sont autour d’eux et de tous les visiteurs qui sont là. C’est une énergie positive qui donne envie d’aller plus loin et on sait vraiment pourquoi on est là quand on voit tout cela. »
Reportage Joël BARCY
