Provence-Alpes-Côte d’Azur. Vœux de Renaud Muselier: «Plus vite, plus haut, plus fort et…tous ensemble»

En 2024 Renaud Muselier entend « aller plus loin, plus vite et plus fort » et poursuivre sur le même rythme jusqu’en 2030 en matière de développement durable, de formation, de sécurité, de construction d’une macrorégion méditerranéenne … Comme il l’a expliqué lors de ses vœux. Occasion pour lui d’apporter son soutien au monde agricole.

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Vœux de Renaud Muselier, président de Provence-Alpes-Côte d’Azur (Photo Joël Barcy)

Renaud Muselier vient de présenter ses vœux devant 3 400 personnes. Il introduira son intervention en dressant un  bilan : « On se retrouve au terme d’une année 2023 assez exceptionnelle pour la Région Sud. On se projette au plus haut niveau vers l’avenir, en Europe, dans le monde, sans jamais oublier le terrain, le concret, la culture du résultat pour nos concitoyens. Voilà ce que nous sommes et voilà ce qui nous rassemble : A la résignation et au pessimisme, on oppose la détermination et l’action. Au « déclinisme » et à l’angoisse, on oppose la joie de vivre et l’engagement. A la division, à la fracture, on oppose le rassemblement et l’addition des forces… Cet ADN du Sud permet de traverser toutes les tempêtes ». Et ainsi de développer nombre de sujets au rang desquels bien sûr la question de l’agriculture mais aussi les JO, le développement durable, les mobilités, la sécurité, l’enseignement, la culture…sans oublier ses relations avec Marseille.

« le 1er budget vert d’Europe »

Renaud Muselier rappelle : «  Au fil du temps, la Région était devenue le tiroir-caisse des autres collectivités, mais aussi de l’État et des associations : nous avons mis fin à cette logique. Nous avons restauré la justice territoriale.»  Insiste sur les actions, les soutiens financiers mis en place pour faire face aux crises qui se sont succédé avant d’indiquer : «Tout cela n’aurait aucun sens, si on n’avait pas fixé un cap très précis. Ce cap, c’est la « COP d’Avance », le Plan climat régional : 30 milliards d’€ d’ici 2028, directement engagés pour la transition écologique de notre territoire ». Revient sur la méthode mise en place : « Nous avons fixé une méthode, une vision écologique de bâtisseurs, qui refuse la décroissance, et qui trouve des solutions plutôt que des taxes ou des injonctions. Avec des moyens à la hauteur : 30 milliards d’euros d’investissement d’ici 2028, dont 10 milliards de fonds européens, 5 milliards de crédits de l’État, et 15 milliards de fonds régionaux ». Renaud Muselier poursuit en signalant que la région a mis en place: « Le 1er budget vert d’Europe, 100% dédié au climat ».

« Une forme d’écologie du Sud »

Pour  le président de Région: «C’est une forme d’écologie du Sud. Pas d’injonctions, que des solutions. Pas de taxes, que des axes simples : air, mer, terre, énergie, déchets. Pas de lamentations, que des actions : elles font la différence sur le terrain. Nous avions anticipé les conséquences visibles du dérèglement climatique. En 2017, la Région lançait la COP d’Avance, avec 30 puis 40% de notre budget consacré au climat. Avec des politiques emblématiques, identifiables, claires dans l’esprit des gens. 1 million d’arbres (désormais, 5), la Guerre du Feu, Escales Zéro Fumée, 10 000 kilomètres de pistes cyclables… Cela a fait de nous la Région-pilote de la planification écologique en France ».  D’afficher un objectif ambitieux : « Devenir la 1 ère région d’Europe neutre en carbone, en 2040 plutôt qu’en 2050 ».

«Nos agriculteurs on les aime, et applaudissons-les»

Renaud Muselier veut avoir un mot particulier pour les agriculteurs. « Je souhaite tout d’abord que nous ayons tous une pensée pour cette agricultrice et sa fille tuée lors des manifestations mardi matin. Mais disons aussi à nos agriculteurs qu’on les aime, et applaudissons-les ! Je comprends la colère de nos éleveurs, de nos exploitants agricoles, de nos paysans ». Le président de région signale être, avec Bénédicte Martin, vice-présidente en charge du dossier, sensibles depuis longtemps à la question agricole. Il voit une colère qui « doit pouvoir s’exprimer dans un cadre républicain et respectueux de notre institution. Car il y a de quoi en avoir marre ! Marre des normes abusives, marre des surcontrôles drastiques, des retards de paiements, de ne pas pouvoir simplement vivre de leur métier ». De juger : « Il faut leur simplifier la vie.»

« Ce n’est pas un problème européen »

Renaud Muselier  considère qu’il ne s’agit pas d’«un problème européen ».  Met en exergue : « L’Europe, elle, engage 20% de la PAC soit 11 milliards d’euros pour la France ». Pour lui : « Le Parlement français doit s’emparer du sujet de la surtransposition des normes européennes en France, qui créent une grave distorsion de concurrence. La France doit s’emparer de son propre problème, parce que nos règles sont bien supérieures en exigence, à ce que demande l’Europe. Cela entraînera des conséquences : sur le bio, sur les entraves à la construction, sur les zones humides, sur les nitrates, sur le surcontrôle ». Annonce que la Région travaillera en 2024 sur 4 nouvelles actions : militer sur la transparence des prix d’achat aux producteurs «notamment dans la grande distribution». Signale : «C’est l’objectif du label 100% valeur Sud  annoncé fin 2023 qui consiste à  mettre en valeur les produits qui paient dignement les producteurs, les agriculteurs ; valoriser ce métier en organisant une fois par an une remise des prix par Karine le Marchand aux producteurs vertueux de la Région.» Parle de  la création d’un fonds d’aide à la trésorerie de 5M€ «pour les dossiers en souffrance dont les retards de paiement mettent en péril les exploitations.» Une sorte de fonds « dernier recours », «qui permet d’aider ceux qui en ont le plus besoin».

Renaud Muselier évoque un développement de l’agritourisme en région Sud avec un partenariat spécifique comprenant le Comité Régional du Tourisme. « Nous avons su construire une véritable filière œnotouristique, 8 territoires labellisés par Atout France « Vignobles et Découverte », 450 domaines viticoles et caves coopératives, des portes de Nice jusqu’à celles de la Camargue constituent notre route des vins tous engagés dans une démarche d’accueil de nos visiteurs ».

Renaud Muselier en vient au millefeuille administratif, indique que dans le cadre de la mission menée par Eric Woerth, il a proposé un acte de clarification et de simplification. « Avec une question simple à laquelle chacun devrait pouvoir répondre : « Qui fait quoi ? » Et des réponses tout aussi simples : quand une collectivité, quand une strate a une compétence, elle l’a jusqu’au bout, y compris sur le plan financier et règlementaire. C’est le seul moyen de réconcilier les Français avec la vie politique, de donner un sens à l’action des institutions ». D’en venir à la modification de la loi PLM. « Elle aura du sens si elle est accompagnée d’une remise en perspective complète. Des compétences, des modes de scrutin et des échelons. Seule, cette réforme électorale ne changera rien : à Marseille, les Marseillais ont toujours élu directement leur maire. Que ce soit Defferre, Vigouroux, Gaudin ou Rubirola, ils ont porté au pouvoir la personne dont le nom et le visage était sur l’affiche ».

D’adopter la devise olympique de Pierre de Coubertin : « Plus vite, plus haut, plus fort », et  d’ajouter :« Tous ensemble».  2024 sera d’abord «une année de transformation décisive» dans les transports et de mettre en avant la ligne nouvelle Provence Côte d’Azur: « Nous irons plus vite en donnant les 1ers coups de pioche du chantier ferroviaire du siècle. C’est du concret : Marseille-Nice en 1h20, un train toutes les 10 à 15 minutes, 150 kilomètres de voies nouvelles et la desserte de 70 gares en cours de route (dont 6 nouvelles). Plus haut grâce à la nouvelle convention TER avec la SNCF, et grâce à l’ouverture à la concurrence qui permet de faire faire rouler plus de trains pour le même coût d’exploitation, sans aucune augmentation de tarif pour les abonnés». Il insiste aussi sur l’intensification de la décarbonation des transports régionaux : « Nos 1 700 cars ZOU d’ici 2030, mais aussi nos trains régionaux avec par exemple l’acquisition de 16 rames neuves électriques Omneo SUD, l’achat de 8 rames hybrides pour les Chemins de fer de Provence – 150M€ d’investissements au total-, le déploiement de solutions bio-carburant pour nos TER entre Nice et Breil, ou l’expérimentation programmée de trains à batterie.»

D’ores et déjà, poursuit Renaud Muselier: « 100% de notre flotte autocar des Alpes-Maritimes est décarbonée. Nous poursuivrons la mise en accessibilité des 40 gares inscrites à notre Schéma Directeur d’Accessibilité : plus de 35 gares sont déjà traitées et nous achèverons en 2024-2025 la mise en accessibilité des 5 gares restantes. Et, nous allons avancer sur les RER métropolitains dans nos quatre zones métropolitaines ». Et il n’oublie pas les territoires alpins: « Nous allons investir massivement avec l’État et les départements pour les nœuds ferroviaires et routiers de ces départements ruraux ».

Réindustrialisation verte

Il souligne l’apport de France 2030, dispositif de 54 milliards d’euros. « Sur les 21,5 milliards déjà engagés, nous avons obtenu 737,3 millions d’euros, ce qui nous place à la 3e place française ».

En matière de tourisme, «2023 a dépassé de 8% 2019, année de référence avec 21,6 Milliards d’euros de retombées économiques, c’est notre 1ère industrie », signale Renaud Muselier. Toujours en matière d’industrie il évoque Iter, le pipe-line hydrogène Barmar , de la Catalogne à Marseille. Rappelle : « Nous engageons déjà 100M€ chaque année pour l’économie, avec un objectif de 50 000 entreprises aidées d’ici 2028, de toutes les tailles, de toutes les dimensions, avec un service sur-mesure pour chacun». Dans ce cadre, il annonce : « Nous allons lancer une nouvelle feuille de route de l’économie sociale et solidaire, avec le Président de la Chambre régionale Denis Philippe, pour ce secteur fondamental, à part entière. Nous engageons déjà 1,1 M€ par an pour cette économie ». Il insiste aussi sur l’innovation : « De la dépollution de l’eau à la production d’énergie décarbonée jusqu’à la restauration de la biodiversité nos entreprises incarnent le génie français.»  Le président de Région souhaite que les réflexions sur l’Intelligence Artificielle se poursuivent, « sans avoir peur, mais en optimisant nos usages. Soyons plus forts grâce à ce nouvel atout».  Il considère: « Nous serons toujours plus forts dans notre stratégie de réindustrialisation de cette Terre d’industrie avec ce tournant désormais acquis de tous : la réindustrialisation verte ». Et, avec le Président de la CMAR (chambre de métiers et de l’artisanat régionale) Yannick Mazette, un dispositif de 100 M€  pour l’artisanat en Région Sud a été mis en place.

«Une année marquée par notre politique de sécurité »

Renaud Muselier aborde ensuite la  sécurité : « 2024 sera une année marquée par notre politique de sécurité, autour du plan « Région Sud, la région sûre » et ses 10 M€ par an.» Pour lui: «Nous irons plus vite, en mettant en place dès le 1er semestre 10 bornes d’appel d’urgence devant les lycées et les gares, en prenant exemple sur ce qui se fait à Nice.» Il affiche une volonté  d’expérimenter la reconnaissance faciale pour sécuriser les lycées. Annonce la généralisation de la formation sur la détection des phénomènes de radicalisation, 2 000 lycéens et 6 000 agents sont concernés, et en développant les TIG « jeunes » afin que chaque délit fasse l’objet d’une sanction, y compris pour les mineurs. Renaud Muselier évoque le Bataillon des marins-pompiers de Marseille « fondé par mon grand-père l’Amiral Muselier il y a 85 ans. On m’a dit qu’une cérémonie avait eu lieu. Je regrette de ne pas y avoir été invité ».

Concernant la culture, Renaud Muselier se prononce pour une grande année culturelle 2024, d’excellence autant que de proximité.  «Nous irons plus vite dans le champ du patrimoine pour étudier, préserver et restaurer nos sites remarquables, nos églises et nos cathédrales, nos villages tout comme nous le ferons pour le petit patrimoine rural ». Cela représente 200 dossiers par an et un budget de 5,8M€ «qui viennent s’ajouter aux 60M€ d’investissement chaque année pour la culture, avec un budget sanctuarisé et augmenté de 10% en 2022 ». Signale un effort sur l’audiovisuel et le cinéma « pour que notre région conforte cet écosystème unique de festivals, de réalisateurs, d’acteurs, de créateurs. Nous le ferons avec les 7 000 salariés permanents, les 500 entreprises et les quelque 1000 organismes liés au secteur. Je rappelle qu’en 2023, la Région est devenue la 1ère région de France en termes d’emplois culturels en général : 45 000 emplois ». Et de réaffirmer son soutien à la création et au spectacle vivant.

Puis de s’engager à ce que 2024 ramène la santé au plus proche des habitants : « Nous irons plus vite pour la ruralité, dans la lutte contre la désertification médicale, en doublant le nombre de création de maisons de santé par an. Cela portera leur nombre à 130 en Région Sud. Il y en avait 35 quand nous sommes arrivés en 2015. Nous irons plus vite, pour les femmes victimes de violences et leurs enfants, en doublant le nombre de maisons régionales des femmes pour atteindre 10 maisons régionales des femmes, et au moins une dans chaque département ». En matière de formation paramédicale, Renaud Muselier rappelle  : « Nous formons chaque année 19 000 étudiants du sanitaire et du social. Chaque année depuis le plan de relance, nous créons 500 places d’infirmiers supplémentaires, soit 2 000 infirmiers formés depuis 2021 ». L’action se renforce aussi en matière de lutte contre le cancer et son dépistage. « Après le succès de la 1ère édition du Bus rose de dépistage du cancer du sein, le futur bus d’Octobre rose de la Région sera doté d’un mammographe mobile, et proposera dans tous les territoires un dépistage complet du cancer du sein ». Et, en 2025, poursuit-il : « Nous inaugurerons ensemble le SAMU neuf pour Marseille et la Région, pour lequel nous avons engagé 6 M€, soit 70% du financement ».

En ce qui concerne l’éducation, il annonce : « Un investissant de 293M€ pour nos lycées. Cela peut ressembler à un grand chiffre abstrait, mais c’est du très concret, lycée par lycée, classe par classe, une chaudière à remplacer après l’autre… Nous expérimenterons la tenue unique dans la région, à la demande du Premier ministre Gabriel Attal, dans 2 lycées de la région ». Et ce sera l’année de l’inauguration de la Cité Scolaire Internationale Jacques Chirac pour laquelle la Région est le principal financeur et le maître d’ouvrage.

D’en venir aux Armées notant que la Région est la seule en France à avoir conventionné avec le ministère des Armées.  2024 sera l’occasion de célébrer les 70 ans de la patrouille de France à Salon, les 90 ans de l’armée de l’Air et de l’Espace, avec le meeting de l’air spécial en septembre à Istres. 2024 donnera lieu à la célébration du 80e anniversaire du débarquement, occasion «de nous souvenir de nos héros du Débarquement de Provence. Toute la région, du littoral aux Alpes, est concernée, et de cette libération la France entière, l’Europe entière, libres du joug nazi.» «Et nous finirons l’année tous ensemble, poursuit-il, autour d’un autre souvenir : les 30 ans de l’intervention du GIGN sur le tarmac de Marignane du 26 décembre 1994, grand moment d’héroïsme et de courage, et nous leur rendrons un hommage mérité ».

2024 sera aussi une année européenne et internationale de premier plan. Le président de région met en avant l’importance de la macro-région méditerranéenne en construction partout sur le bassin méditerranéen.

D’insister sur l’enjeu des élections européennes : « La façon dont nous composerons le Parlement européen déterminera aussi le destin de notre pays ». Revient sur le contexte dans lequel ces élections se tiendront : « Les guerres d’Ukraine et d’Arménie, les pogroms abominables perpétrés par le Hamas en Israël le 7 octobre, nous rappellent l’instabilité du monde. Le Hamas, comme la Russie et comme l’Azerbaïdjan, ne se contentent pas de violer le droit international, ils s’en réjouissent, ils s’en félicitent. Ils le prennent en photo, en vidéo, et l’exposent comme une preuve ! Quant au conflit du Proche-Orient, rien ne peut être réglé tant que les 139 otages israéliens seront détenus par le Hamas ».

Renaud Muselier considère: « Le système international de valeurs basculerait si les ennemis de la démocratie avaient les mains libres. Tous les régimes autocratiques sont des alliés de circonstance -même s’ils ont des idéologies différentes. Leurs ennemis du moment sont les mêmes : nous. Face à ce nouveau schéma, l’Europe et la France ont une puissance et une responsabilité ». Et de conclure son intervention : « J’engage la Région dans le sens de la démocratie, de la paix, avec nos partenaires en Méditerranée. Avec le programme « Méditerranée du Futur », qui en est à sa 6″ édition, et qui réunit autour des sujets communs l’ensemble des régions, wilaya, gouvernorats et unions de municipalité de tout le bassin ».

Reportage vidéo Joël BARCY, rédaction Michel CAIRE

Renaud Muselier : « Je me mêlerai des municipales sur toute la région »

Interrogé lors de ses vœux à la presse sur sa position concernant les municipales de Marseille Renaud Muselier devait déclarer « Je me mêlerai des élections municipales sur toute la Région ». Il rappelle à cette occasion la création de son mouvement régional « Cap sur l’avenir » et le combat qu’il entend mener contre l’extrême droite particulièrement puissante dans le Var et le Vaucluse. Pour cela il œuvre en faveur du rassemblement « des gens raisonnables qui ont une volonté politique » et après, «Il ne faut pas s’inquiéter pour l’incarnation politique ». Il ajoute, concernant Marseille : « La ville dysfonctionne. A partir de là nous avons fait plusieurs réunions avec ceux qui veulent que la ville change ».

J.B et M.C

 

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