Judith Godrèche, qui a porté plainte contre les réalisateurs Benoît Jacquot et Jacques Doillon, notamment pour viols sur mineur a, demandé, entre autres, ce jeudi 29 février, la constitution d’une commission d’enquête sur les violences sexistes et sexuelles dans le milieu du cinéma.
Judith Godrèche a assuré avoir reçu plus de 4 500 témoignages, à travers des courriels envoyés à une adresse électronique créée après son témoignage sur les violences sexuelles et sexistes qu’elle a elle-même subies. Sans livrer de noms, Judith Godrèche a relayé des témoignages.
Judith Godrèche a rendu un hommage appuyé au juge Édouard Durand, l’ancien dirigeant de la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise) et plaidé pour une meilleure protection des enfants victimes de violences sexuelles. Elle a critiqué le fait qu’Édouard Durand ait été «retiré» de la tête de la Ciivise, en décembre 2023, alors que la commission est en difficulté après la démission du nouveau président et des accusations d’agression sexuelle visant la nouvelle vice-présidente. Elle a demandé à ce qu’ Édouard Durand puisse «accomplir son destin héroïque de son vivant» .
Le retrait du président du CNC, mis en examen pour des violences sexuelles
L’actrice, scénariste, réalisatrice et écrivaine française a également réclamé le retrait de Dominique Boutonnat, le président du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC), l’organisme qui encadre le septième art français. Il a été reconduit mi-2022, malgré sa mise en examen pour agressions sexuelles sur son filleul de 21 ans et son renvoi devant le tribunal correctionnel pour ces accusations, qu’il conteste.
Un «référent neutre» pour les mineurs sur les tournages
Dans ses propositions pour mieux protéger les enfants sur les tournages, Judith Godrèche a insisté pour que soit «imposé un référent neutre» pour les mineurs «qui n’est pas payé par la production, un référent qui est formé, qui a une formation psychologique» , a-t-elle précisé, afin «qu’un enfant ne soit jamais laissé seul sur un tournage» . Elle réclame aussi «un système de contrôles plus efficace» de la part des services sociaux.
Judith Godrèche a évoqué le film CE2 de Jacques Doillon, dont la sortie est suspendue : «Il voulait que le rôle de la petite fille harcelée soit donné à une petite fille qui, dans la vie, a été harcelée, pour lui faire revivre à l’écran ce qu’elle a vécu dans la vie, pour que la souffrance ait l’air vraie.»
Un sursaut de la société
La réalisatrice a appelé à un sursaut de la société, «afin que nous puissions jouer les rôles de notre vie sans nous faire voler notre enfance, abuser, frapper, sans que nous soyons réduites à un pâle souvenir» . Elle a insisté sur le fait que «cette famille incestueuse du cinéma n’est que le reflet de la société» et a dénoncé «une société systématiquement organisée dans l’écrasement de la parole».